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Bolivie, this is the end

Conseil de lecture: lire les articles sur la Bolivie en regardant les photos que Cécile (et un peu moi) avons faites : https://www.flickr.com/gp/12999585@N00/1t07jF (il faut avoir deux écrans)

Exemple de photo de meilleure qualité que celles de mon téléphone:

Samedi 20 au soir

Au milieu du terminal de bus, les boliviens fourmillent, se pressent en tous sens, pour aller aux toilettes, manger une frite ou bercer un enfant qui pleure. Cécile, coiffée de son chapeau, est impertubable. Elle lit Beauté Fatale de Mona Chollet. Elle est si absorbée qu’elle se mange l’intérieur de la joue. C’est sa façon de se ronger les ongles sans se les ronger. D’une main, elle tient le livre, de l’autre elle appuie sur sa joue pour pouvoir y mordre plus facilement. Ses sourcils sont fronçés, signe d’une concentration importante.

Je sors de la station pour m’acheter des frites, elle continue de lire. Je vais aux toilettes, elle continue de lire. La station est bondée, mais personne ne la dérange pour s’assoir à ma place. C’est son pouvoir: faire respecter des autres sa concentration. Habituellement elle y arrive sur moi, Alexandra ou Anne Charlotte aussi quand elle écrit des messages vibers à sa mère, sa grand-mère ou son frère. Mais là, comme elle aime le livre, c’est presque multiplié par deux.

Mais il est bientôt l’heure de s’agiter, le bus est censé partir dans une trentaine de minutes. Nous nous levons, allons vers le comptoir de la compagnie Cochabamba Express, qui est censé nous emmener jusqu’à la ville la plus haute du monde: Potosi. Mais pour l’instant nous devons attendre encore. Nous en profitons pour détailler tous les passagers. Il y a ce jeune homme entièrement habillé de jaune, avec une montre en or. Il y a cette grande famille, dont le doyen n’a plus de dents, dont la machoire s’agite et qui porte un superbe bonnet multicolore. Il y a cette cholita (bolivienne) dont la jupe est de velour rouge, le petit pull ajusté plein de paillettes et le chapeau de paille tout neuf, luisant comme s’il avait été plongé dans du caramel. Il y a son pendant discret, une cholita fatiguée qui porte des guêtres élimées dont on ne reconnaît même plus les motifs. Un peu bravache, pendant que nous serons au Salar de Uyuni je dirai à Cécile que je préfère regarder les gens passer que les paysages.

Et d’un seul coup, Cécile s’inquiète. Le bus va partir dans 5 minutes, Cochabamba Express nous dit n’importe quoi, il faut sortir! Et effectivement, elle a raison. Le bus a son moteur allumé. Nous montons au premier étage. Les sièges sont “semi-cama” (à moitié lit, ce qui veut dire que l’on peut les faire quasiment s’allonger). Les numéros ne correspondent pas du tout à ce que nous avait montré la vendeuse sur son écran. Nous qui étions censés être côte à côte sommes maintenant séparés. Nous nous installons donc un peu au hasard. Arrive un monsieur bougon qui nous explique que nous sommes à sa place. Malheureusement nous avons le même numéro que lui. La compagnie a vendu les mêmes places à des personnes différentes. La pauvre vendeuse se confond en excuse, et lui propose un nouveau siège au fond, comme pour les 10 autres clients mécontents. C’est l’occasion pour nous d’apprendre de nouvelles façons de s’indigner en espagnol “Qué Macana! Jodido ! Jodida Compania!”. Suite à cet épisode, nous écoutons une conférence que Cécile a télécharge “La mesure d’impact comme servitude volontaire”. Au bout d’une heure, malgré les bonds du bus sur la route, la douce voix du philosophe m’endort.

Nous sommes réveillés plusieurs fois pendant la nuit, moi particulièrement par le froid qui saisit mes pieds. Le réveil final est bien à 6h du matin, nous sortons du bus, il fait quasiment 0 degrès dehors. Nous nous pressons d’atteindre notre hôtel, ou nous terminons la nuit, quasiment au chaud !

Dimanche 21

Nous avions prévu de visiter l’ensemble des monuments et des églises de Potosi. Pendant que je me douchais, Cécile étudie le guide et m’annonce une triste nouvelle: “Tout est fermé le Dimanche. En plus, c’est le nouvel an Aymara aujourd’hui”. (Le Président Evo Morales est Aymara, entre autres!). Changement de programme. Nous déjeunons d’abord dans un super restaurant, où il y a un buffet de salades ! Nous nous sentons un peu moins fatigués ici qu’à La Paz, alors même que la ville est plus élevée. Peut être que cela tient à la topographie. La Paz n’était que montée et descente, alors que Potosi est une seule pente douce. Comme Cécile l’avait dit, tout est fermé. Mais on prend plaisir à se balader dans les rues de Potosi. Elles sont étroites et cela me fait penser au centre ville de mon village, Saint Jean de Védas. Sur la Place principale, on peut apercevoir 3 églises différentes.

Nous profitons du soleil pour bouquiner un petit peu. Quand Cécile dévore son livre, je lis du bout des yeux “Karoo”, le livre qu’elle m’a apporté. Le personnage principal est un scénariste hyper cynique, et le début du livre est déprimant (il se révèlera meilleur par la suite).

Nous nous baladons encore, avant de tomber sur un cinéma. Cela semble le bon refuge contre le vent glacial des nuits de Potosi. Au choix: Jurassic World ou IntimaMente, le film de Pixar. Autant les critiques de Jurassic World ne sont pas terribles, celles du dessin animé sont incroyables. On va donc aller voir le film d’animation. On a beaucoup aimé. Les émotions d’une petite fille sont personnifiées et on les voit évoluer dans son cerveau ! Quand on sort, il fait très froid. Une soupe de quinoa, et au lit. Demain matin, nous partons pour Uyuni.

Lundi 22

Nous traînons au lit, puis c’est parti pour la station de bus de Potosi. Là bas, les fruits sont deux fois plus chers que dans le reste de la ville. On nous a dit qu’il fallait en prendre pour faire une excursion, tout comme 2 litres d’eau par jour par personne, du papier toilette, de la crème solaire, etc... Pour l’instant nous n’achetons que des mandarines et des bananes.

Nous rentrons dans le bus, il y fait un froid glacial. Cela n’empêche pas une cholita de déambuler au milieu du car pour vendre des cornets de glace. Elle les tient à la main, et bien entendu ils ne fondent pas. Nous traversons des paysages superbes, qui font penser à la vallée de la mort des Etats Unis. Cactus, roches et sable. J’enverrai des photos à mon petit frère qui répondra “très bel exemple de subduction”. En effet, la terre est toute accidentée, les effets conjoints de volcans, plaques tectoniques ont façonné un paysage lunaire (ou plutôt martien). En 4 heures de voyage, on ne croise qu’une seule rivière, et très peu d’arbres. Le soleil est fort à l’extérieur, et comme dans un four solaire, nous commençons à cuire à petit feu. Nous finissons en t-shirt. Très peu d’habitants sont visibles, mais il y a de plus en plus de llamas!

La route passe alors dans une vallée bien irriguée, remplie de llamas. Leurs oreilles sont ornées de petits pompoms de couleur (cela doit signifier à qui ils appartiennent). J’aperçois un parasol vert le long d’un ruisseau. Sous ce parasol vert, une dame utilise un métier à tisser pour réaliser une couverture, veillant en même temps sur ses llamas. Le car tousse, nous voilà repartis à l’assaut de la montagne. Et d’un seul coup, une vision à couper le souffle: une étendue blanche, le Salar d’Uyuni! Au bout d’un moment, on distingue une ville grise: c’est Uyuni, le poste avancé de la civilisation aux portes du Salar (ancien lac asseché qui est devenu une étendue plate de sel). Nous trouvons facilement un hôtel dans cette ville quasiment dédiée aux touristes. Nous allons nous renseigner sur les excursions dans une agence. Ils ont l’air sérieux... Et sont dans le Lonely Planet. Ce sera Empexsa Expeditions. Après un court moment de négociation, j’obtiens le droit d’avoir le sac de couchage pour 0 degrès un jour de plus (pour ce soir!! Il fait déjà très froid). Il ne nous reste qu’une seule solution pour avoir à peu près chaud: le bar Pizzeria de la Place du centre. Touristique à mourir et musique soupe électronique, mais avec un bon chauffage au gaz que Cécile oriente vers ses pieds sans vergogne.

Mardi 23

Réveil à 9h pour se rendre au rendez-vous. Nous avons pour compagnons de voyage: un couple allemand (Julia et Frank), un suisse allemand (Timon) et une famille Bolivienne de 3 personnes (un couple et un enfant). On nous avait promis que nous serions 6 dans la voiture, voilà que nous allons être 8. Nous nous permettons de questionner la faisabilité d’être 8 pendant 3 jours de suite dans une voiture. Allemands et Boliviens rugissent en coeur, comme s’ils avaient attendu que je lance les hostilités. Finalement, la famille Bolivienne obtient un remboursement. Tant mieux pour nous, nous ne serons que 5 dans une voiture prévue pour 6 (7 en comptant le chauffeur-guide en fait). La première étape du voyage se trouve non loin d’Uyuni, ville qui possède une gare de train. Au bout d’une voie ferrée désaffectée, la compagnie bolivienne de chemin de fer a laissé rouiller une vingtaine de locomotives à vapeur.

Nous nous retrouvons au far west dans ce cimetière de trains. Un far west de Wong Kar Wai, peuplé de chinois/japonais en poncho d’alpaga. En effet, un peu comme pour le safari, nous formons une sorte de caravane de la soie de 15 4x4 qui vont tous effectuer le même tour. Par la suite, nous serons parfois seuls, parfois à 3 4x4. Mais ce matin pour l’étape obligée après un départ de toutes les voitures à 11h, nous sommes une bonne cinquantaine à visiter ce cimetière. Une inscription “Touristas son ratones” (les touriste sont des rats). Augustin (guide-chauffeur) m’explique que certains touristes volent des bouts de locomotives...

Nous partons enfin, et cette fois en direction du coeur du Salar.

Nous roulons au milieu de l’immensité blanche. Il reste encore quelques habitations, et sur notre droite une voie de chemin de fer. Ce train mène jusqu’à Oruro, où nous irons après notre périple. Puis soudainement nous virons à gauche, hors de la route, et nous commençons à rouler sur l’immensité de sel. Nous sortons tous nos lunettes de soleil, car la lumière est éblouissante, même à l’intérieur de la voiture. Comme au ski, nous avons acheté un petit labello/stick à lèvre hydratant et nous nous tartinons de crème solaire. Nous nous arrêtons d’abord auprès de petites pyramides de sel. Les habitants du Salar grattent le sol, font sécher le sel, puis ensuite vont le faire cuire pour qu’il soit consommable. Nous remontons dans la voiture. Nous allons beaucoup faire cela au cours de ces 3 jours: descendre et monter dans la voiture! Alors que la température était glaciale à Uyuni hier soir, ici il fait très chaud. Je me rends compte que c’est la première fois que je suis dans un désert. Ce n’est pas le cas de Cécile: beaucoup de paysages lui rappellent l’Islande, et le blanc du Salar pourrait faire penser à des glaciers. Le prochain stop est un peu plus touristique et sans grand intérêt: une grande sculpture à la gloire du Dakar 2015 qui est passé par le Salar (c’est impressionant tout de même que tout le Paris Dakar ait été délocalisé en Amérique du Sud). Puis non loin de là, un autel où chacun est censé apporter et fixer son drapeau. Pas de drapeau français, mais un drapeau breton. Le retour du régionalisme en France? Nous déjeunons, à moitié un pique nique, à moitié un vrai repas: quinoa, légumes grillés, bananes et llamas pour les non-végétariens (nous sommes 3!). C’est reparti, nous grimpons dans la voiture. La voiture file. On peut voir d’autres traces de roues, parfois il semble que le chauffeur tombe dans un demi sommeil, mais il est réveillé quand le bruit des roues est plus fort. La surface parfaitement plane est recouverte de sortes d’écailles de sel. Du coup, les traces des autres ont écrasé ces écailles. Quand nous nous écartons des traces des autres, le bruit augmente.

On dirait que l’on roule dans un espace abstrait : deux mots suffisent à le qualifier, blanc et plat. Au bout d’un moment nous nous arrêtons au milieu de l’immensité blanche. C’est le point le plus au milieu du Salar. Nous allons réaliser une série de photos drôles. Le Salar a une propriété visuelle: on voit toutes les choses comme si elles étaient sur le même plan. On peut donc faire des photomontages en reculant. Notre amie Paola nous a laissé de petits jouets pour ce faire. Elle nous a aussi donné une photo d’elle-même. Malheureusement, les jouets et sa photo sont trop petits. Mais le guide avait préparé le coup: de la portière, il extrait un gros T-rex et un éléphant! C’est donc parti pour 45 minutes de poses plus ou moins ridicules. Finalement, c’est presque plus amusant de faire des photos de “behind the scenes” que les photos en elles-même. Le photographe couché par terre, le gros jouet, et la personne au loin qui fait une pose stupide.

Puis nous repartons. Au loin nous voyons des montagnes. Apparemment, la Chine a fait une offre pour acheter une partie du Salar de Uyuni. En effet, le sol est riche en Lithium, nécessaire à la fabrication des batteries de téléphone. La Bolivie pourrait devenir l’Arabie Saoudite du Lithium. Bon pour l’instant, Evo Morales subventionne la moitié des bonbonnes de gaz des Boliviens. Nous avançons vers une “île” au milieu du Salar. Elle est hérissée de cactus gigantesques. Nous pouvons grimper au sommet de l’île et observer que certains cactus mesurent plus de 5 mètres. Le contraste entre cette île accidentée, couverte de végétation et de roches rouges et la platitude du Salar est saisissant.

Nous rembarquons dans le 4x4. Nous nous dirigeons maintenant vers notre hébergement pour la nuit: un hôtel fait en sel! Apparemment, les locaux préfèrent les maisons en brique. Les hôtels de sel sont reservés pour les touristes. Un généreux dîner nous attend. Nous discutons avec nos co-voyageurs, puis dès 20h, le froid nous saisit et nous n’avons pas d’autre choix qu’aller nous coucher pour être au chaud dans nos sacs de couchage.

Mercredi 24

Réveil à 6H30 pour partir à 7h. Nous petit-déjeunons rapidement, couverts de plusieurs couches de vêtements. Dehors, le soleil rougeoie dans le ciel, illuminant les nuages. Nous roulons pendant deux bonnes heures sur une autre partie du Salar, qui est moins blanche mais tout aussi plate. Nous longeons une autre voie de chemin de fer. Un stop, le guide nous montre que nous sommes désormais au fin fond de la Bolivie: Cette montagne, c’est le Chili, et celle-ci l’Argentine. Nous remontons. Aujourd’hui, un stress agite notre guide: il n’y a parfois pas de place au refuge de ce soir. D’ailleurs, nous allons dormir tous dans la même chambre. Quand il n’y a plus de place, ils dorment tous ensemble dans la voiture. Il faut savoir que l’endroit où nous allons dormir ce soir connaît la nuit des températures de -25°C... Pour l’instant, nous continuons de rouler. Toutefois, il est parfois assez directif: “Ce stop, c’est 10 minutes!”. Nous nous arrêtons d’abord dans une sorte de mer de pierre. Des vagues qui semblent avoir été formées par une éruption volcanique. D’ailleurs, c’est un point de vue idéal pour observer un volcan. De son sommet s’échappe une fumée blanche. Le prochain stop, c’est 3 flamands roses, mais surtout une montagne qui forme un triangle parfait, qui se reflète dans un très beau lac. C’est le stop suivant qui sera d’intérêt pour la juxtaposition de ses nombreux flamands roses (quasiment rouges) et au loin un mont enneigé! C’est aussi le lieu où nous nous arrêtons pour déjeuner. Un très bon guacamole, du riz et une salade. Nous repartons au pas de course. Le paysage est devenu hyper désertique: des dunes à perte de vue. Nous nous arrêtons devant une drôle de structure en pierre: l’arbre de pierre. Il est à l’avant poste d’une sorte de forêt de pierre: des rochers dans lesquels il faut chercher des formes et des animaux. Remontée dans la voiture; Ce qui est drôle c’est que les différentes périodes d’attentes correspondent à différents niveaux d’intérêt qu’attribue le guide aux paysages du parcours. Le prochain mérite 45 minutes d’arrêt: le plus long arrêt de la journée ! Il s’agit d’un grand lac carressé par le vent. Une petite spécificité, il est rouge, comme une grande soupe à la tomate. La couleur s’explique par des algues de surface dont la couleur rouge s’active lorsqu’elles sont effleurées par le vent. Nous filons aux abords du lac, dont les couleurs changent au fur et à mesure de notre avancée: rouge, blanc, bleu.

Nous passons un poste de contrôle. Nous nous trouvons désormais dans le parc naturel du Sud Lipez, une petite pointe bolivienne encadrée par le Chili et l’Argentine. Nous allons dormir à peu près à 4500 mètres d’altitude. La salle principale de notre “auberge” est installée sous une grande vitre, qui fait office de serre. Il fait presque trop chaud! Nous décidons de sortir pour faire un tour. Le vent souffle si fort que le froid commence à nous saisir. Avec Cécile nous décidons de retourner au chaud. La température commence à descendre dans la serre. Il y fait désormais 15 °C. Ce soir, c’est l’anniversaire du Suisse Allemand, Timon. Il sort une petite bougie, qu’il plante sur un petit gateau. Le guide sort une bouteille de vin bolivien, trop sucré. Toutefois, au coin du poële, en sirotant ce verre de vin, nous commençons à nous réchauffer. A 20H, les propriétaires de l’auberge éteignent le poële. Nous décidons de ne pas nous refroidir et allons nous réfugier dans nos sacs de couchage. Finalement, j’ai trop chaud au milieu de la nuit, avec mon duvet, mon sac à viande, ma veste, mes chaussettes...

Jeudi 25

Réveil à 4h du matin. Notre ami allemand a très mal dormi, il est tombé malade et a dû se rendre aux toilettes toutes les demi-heures. J’espère que cela ira mieux pour lui aujourd’hui. En effet, les toilettes sont rares dans le Sud Lipez... Il fait noir à l’extérieur, et bien entendu quasiment -10°C. Nous sommes congelés. Il fait nuit, mais une lueur blanche est perceptible. Je lève la tête, il y a un millier d’étoiles dans le ciel. Nous sommes si loin de toute habitation humaine et il fait si sec que l’on voit parfaitement le ciel. D’ailleurs, non loin de là se trouve, au Chili, le plus grand téléscope mondial. Pas le temps d’admirer la voie lactée, nous nous engouffrons dans la voiture, un véritable frigo. Augustin (le chauffeur), démarre la voiture poussivement, puis dès que le moteur se réchauffe, il file dans le noir. Nous ne sommes pas les seuls à partir du petit village. C’est assez bizarre et cinématographique, une sorte de caravane de voitures qui filent la nuit, sur des dunes éclairées par la lune. Cécile s’est blottie dans son sac de couchage. La voiture saute sur la piste toute pleine de cailloux. Le soleil commence à pointer le bout de son nez. Nous nous arrêtons pour 5min (pas très intéressant!) prêt d’une colonne de fumée. Les japonais ont percé un trou dans le flanc du volcan pour pouvoir en mesurer la pression. Cela fait un grand sifflement, la vapeur qui en sort est brûlante. Nous avançons vers de grandes nuées qui montent vers le ciel. Nous avons 30 minutes (Si vous n’avez pas trop froid, prévient le guide). L’altitude est de 4990 m! C’est une sorte de geyser/volcan. Des flaques d’eau bouillonnent, et une fumée s’échappe du sol accidenté. Le soleil se lève sur ce champ de fumée et de vapeurs. On croirait que l’on est sur mars. Les autres humains courent dans tous les sens, leurs petites silhouettes agitées rajoutent au surnaturel de la scène. Au bout d’un moment, il fait froid, et l’odeur de soufre n’est pas très agréable. Nous remontons en voiture. Dans un nuage de soufre, nous voilà repartis! C’était mon moment préféré du voyage. Nous roulons dans des paysages magnifiques toujours aussi extra-terrestres. Nous arrivons au bord d’un grand lac, encore des grandes évaporations ont lieu au bord du lac. Une petite cabane en bois au bord de l’eau et une retenue d’eau fumante nous attende. Après s’être acquités d’une modeste contribution nous avons le droit de nous baigner dans un bassin où l’eau est à 38°C ! Cela réchauffe nos pieds tous froids. La sortie de l’eau est gelée. Mais quand nous retounrons dans la voiture, nous nous rendons compte que nous avons réussi à réchauffer des parties de notre corps qui n’étaient plus approvisionnées en sang chaud! Il faut désormais filer vers le Sud. Nos amis Allemands ont rendez-vous à 9h à la frontière Chili-Bolivie. La frontière est minuscule. Une sorte de check-point à côté duquel se trouve un préfabriqué flocqué du drapeau bolivien. Au loin, j’aperçois un petit animal sauvage qui ressemble à un lama sauvage, avec son bébé. Il est 9h30, nous disons au revoir à Julia et Frank. Désormais, l’objectif est de rentrer le plus vite possible à Uyuni. Le guide se décide à consommer un peu de Coca, les fameuses feuilles vertes dont la consommation est légale uniquement en Bolivie. Cela le maintient éveillé, et lui coupe la faim. Notre parours sera juste interrompu par une pause déjeuner au bord d’un joli ruisseau. Puis encore des roches d’une drôle d’allure. On voit aussi au loin le plus grand sommet d’Amérique Latine. Avec Cécile, nous nous relayons pour dormir dans le 4x4 qui avale les kilomètres. Nous arrivons à 16H30 à Uyuni. Nous remercions chaudement le guide, et nous nous dépêchons d’aller à la gare. Nous réservons notre billet pour le soir. Le train part à 2h du matin d’Uyuni pour arriver à 9h à Oruro. En attendant nous nous rendons encore à l’hôtel Cactus, une douche et un petit somme plus tard, nous nous retrouvons à 1h45 à la gare.

Le train siffle le départ, nous sautons dans notre compartiment “Ejecutivo” (= Executive, c’est la première classe sur les 3 que compte le train). Les sièges sont très inclinables et sont fournies des couvertures. Par la fenêtre on peut voir le Salar qui défile, jusqu’à que l’on ferme les volets. Le train brinquebale énormément, mais nous sommes mieux que dans un bus. En effet, les bus ont la réputation d’être glacials. Cécile, qui est du côté fenêtre, se trouve sous le chauffage. Elle aura trop chaud du côté gauche et trop froid du côté droit.

Vendredi 26

Je me réveille à 7h30, c’est le début d’un film sur le grand écran: (Un)lucky, avec la très célèbre Lindsay Lohan, avant sa descente aux enfers.

Par la fenêtre les paysages sont beaux et plats (encore)

Cécile tente de dormir, même s le film est diffusé par de gros hauts parleurs. A 9 heures, nous arrivons enfin à Oruro. Nous rangeons nos affaires en vitesse. Nous décidons qu’avant d’aller prendre le bus pour Cochabamba, nous allons visiter le centre ville. Mais très vite, comme je porte mon gros sac rempli de nos affaires, je me fatigue. La ville n’est pas incroyable. Nous nous arrêtons sur la place principale de la ville. Elle ressemble à toutes les places principales des grandes villes boliviennes, un joli carré bien arboré. Nous nous arrêtons dans une patisserie et décidons de goûter chacun des petits gateaux en vente, cela sera notre petit déjeuner. Au sortir du restaurant, un taxi nous emmène vers le terminal de bus. Les bus pour Cochabamba partent toutes les heures. Nous montons donc dans un bus qui part au bout de 45 minutes. Il ne faisait pas très chaud à Oruro, mais au fur et à mesure de notre descente, la température augmente, jusqu’à ce que nous ayons trop chaud! Nous écoutons les podcasts que Cécile a téléchargé avant notre départ: la démocratie en Afrique, les méthodes d’éducation et la réforme du collège etc...

Nous arrivons à 16h à Cochabamba, prenons un turfi en direction de la maison de Dona Mary. Nous arrivons, déjeunons/dînons et nous effondrons de sommeil. Nous ne sortirons pas ce soir...

Samedi 27

Ce matin nous avons pris la décision d’aller au musée Patino, grande maison construite par un riche Bolivien de Potosi. Ce self-made-men a acheté une mine en laquelle personne ne croyait et est devenu le crésus national. Des soucis de santé l’ont éloigné de Potosi (et de la Bolivie). Il souhaitait s’installer à Cochabamba pour la douceur de son climat et s’est donc construit un véritable palais pour y séjourner. Colonnes en marbre importées d’Italie, galerie des glaces imitation de Versailles. On apprécie le jardin où se mélangent plantes de Bolivie et plantes importées. Il y a aussi un petit pavillon mauresque.

Après une rapide visite guidée, nous allons au centre de Cochabamba pour visiter le couvent Santa Teresa. Ce couvent qui accueillait depuis le 19eme siècle jusqu’à 21 soeurs, n’en héberge plus que 7. C’est une forteresse dans le centre de la ville. Les salles abritent des tableaux, sculptures aux airs de poupées Chucky et des marques de la vie du couvent. On retrouve l’endroit où elles faisaient fumer des jambons, leurs salles de prière et le registre des soeurs mortes dans l’enceinte du couvent. Les écritures vont de 1800 à 2014! Le changement de manière d’écrire est visible, au fil des années on pert en volutes et entrelacs. On note aussi les nouveaux noms qui sont attribués aux soeurs: Yolanda Sanchez devient Maria de la Asuncion. La visite est haute en couleur. Nous sortons et décidons d’aller faire une dernière expédition à la Cancha, pour essayer de m’acheter un chapeau. Nous trouvons un chapeau en taille 7 qui me va ! C’est la fête. Seule déception, il est de la même couleur que celui de Cécile (bleu). Nous rentrons chez Dona Mary fatigués, il nous reste nos sacs à faire, et je dois aussi prendre un faux billet de sortie du Brésil. Je trouve le courage d’aller boire un dernier verre avec Paola, je dois lui rendre ses jouets, Fabio et Domi. Il est ensuite l’heure de dormir

Dimanche 28 juin

Réveil à 5h du matin. Ce sera la journée de l’angoisse dans les aéroports. Mais nous sommes maintenant au Brésil et je préfère prendre le temps d'écrire sur cette nouvelle aventure !


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