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Cochabamba Bolivie, Au pays du printemps éternel

Mercredi 21 mai

Survol du Rio Grande Bolivien

On m’avait stressé sur les conditions d’entrée dans les pays en Amérique Latine. En fait, il n’en est rien. A l’arrivée à l’aéroport, le garde frontière tamponne gentiment mon passeport, en me souhaitant de bonnes vacances. Par contre, les douanes font vraiment leur travail: on ouvre les sacs à la recherche d’un quelconque produit suspect. Une petite sueur froide car j’ai du thé... Du grand banditisme.

Je sors de l’aéroport et j’aperçois David, le directeur de Cedesol. C’est un américain bien bâti avec les cheveux longs attachés en catogan. Il m’explique que sa voiture s’est cassée hier (la transmission je crois comprendre). On prend donc un taxi. Nous nous rendons chez Dona Mary, qui est la cheftaine de la maison d’hôte où je vais passer ce mois et demi. Elle est née en 1944, et me fait penser à ma propre grand mère. Dans la voiture, j’ai prévenu David que j’étais végétarien. Il prévient donc Dona Mary, qui s’exclame “Je demande tout le temps”. Mon espagnol est tout rouillé, ce qui me fait un peu peur pour la suite.

Mine de rien je suis épuisé, après avoir mangé de la purée, des petits beignets et des légumes je monte dans ma chambre, qui est immense ! J’ai un bureau, un lit moelleux à souhait. Je m’endors directement, après avoir donné des nouvelles à mes parents et à Cécile.

Jeudi 22 mai

Vue depuis ma chambre

Ce matin, je me réveille super tôt. Je prends le temps d’écrire un peu mes mémoires. Je descends pour petit déjeuner. Dona Mary m’attends, elle déjeune avec moi. Je progresse peu à peu en Espagnol. J’en viens à me demander si je ne devrais pas arrêter les cours de Portugais pour me consacrer 100% à l’Espagnol. Elle me corrige gentiment. 9h, Paola est à la porte, c’est une employée de Cedesol super sympa. Elle me montre le chemin du boulot, qui n’est pas bien loin. J’habite au Nord de Cochabamba, qui est plus riche que le Sud. J’habite à trois patés de maison de la rue America, qui est une des rues principales Est-Ouest. Le bureau est dans une des perpendiculaires à cette rue. En moins de mots, j’habite à 8 min à pieds du bureau. Nous arrivons au bureau, salués par Coco, le chien de Cedesol. C’est une grosse boule de poil blanche qui trépigne de nous voir arriver. Il me saute dessus, Paola m’explique qu’il est content de me voir. Le bureau est une grande maison jaune. En fait c’est la maison de David (je comprendrai cela la semaine prochaine !!). Au rez de chaussée, un salon avec un canapé et un fond vert et des projecteurs (pour tourner des films?). Une grande cuisine avec baie vitrée. A l’étage, le bureau de David, une salle de bain, et le bureau de tout le reste: Paola, Guadalupe (qui travaille à partir de 11h30) et moi ! A l’étage, l’appart de David. Paola me connecte au réseau de Cedesol, me conseille de lire certains documents, en particuliers les projets futurs. Le principal projet est l’installation de cuisinières améliorées dans 21 écoles dans la région de Toro Toro. Nous étions censés y aller dès lundi. Malheureusement, il nous faut un 4x4 pour nous déplacer sur place et celui de David est cassé. Nous travaillons bien, Paola me raconte des blagues. A midi 30, je comprends que je dois retourner déjeuner chez Dona Mary. Elle se révèle être une excellente cuisinière de plats végétariens ! Et en plus, je déjeune avec un de ses fils (elle en a 3, un au Chili, un à Cochabamba et un dans sa maison) et sa soeur. Je retourne au travail et travaille tout l’après midi. Je rencontre Guadalupe, qui est en charge du terrain. C’est la seule de l’association qui sache parler le Quechua... A la campagne les gens parlent parfois Espagnol, et toujours Quechua. (En Quechua, Bonjour: Himal Nayal, comme Himalaya et Ca va: O Alerhia, comme Allegriiia, le spectacle du Cirque du Soleil https://www.youtube.com/watch?v=68483tVx0eA )Fin de la journée à 18h30, je rentre à la “maison”, et encore décalqué je ne fais pas long feu..

Une photo de mon bureau

Vendredi 23 mai

Deuxième jour de travail, à midi je rencontre l’autre fils qui est marié. Son fils s’appelle Santiago et c’est le petit roi de la maison. Ils me disent où aller pour pouvoir nager ce soir. Il y a deux piscines non loin du bureau. La première à laquelle ils pensent est un club de piscine, je vais essayer en premier.

L’après midi, Guadalupe me fait savoir que nous allons partir sur le terrain pour faire les premiers interviews dimanche à 11h. Cool. Je dois juste faire les guides d’entretiens. Finalement, je réussis à tout finir et imprimer avant 19h.

A 19h, je me rends à la piscine. C’est quand même 4 euros. La piscine est petite, et à 19H20 commence un entraînement. Les gens nagent lentement, je ne sais pas où me mettre.. Je vais voir à quoi ressemble l’autre piscine. Elle est plus grande, et il y a moins de monde ! J’irai la semaine prochaine. Je rentre donc diner chez Dona Mary.

Exemple: un Micro, qui est presque comme un turfi

Samedi 24 mai

Je pars demain, je me dis qu’en une journée, j’ai sûrement le temps de bien visiter Cochabamba. Au programme, prendre le Turfi (taxi local), qui est une sorte de tai/bus qui porte un numéro. C’est vraiment pas mal car il s’arrête où on lui demande et ce n’est vraiment pas cher.. Le tufi me dépose Avenida de las Heroinas, le principal axe Est-Ouest, un peu les Champs Elysées de Cochabamba. Au bout du chemin, un téléphérique (des oeufs plus exactement) qui mènent au Christ de Cochabamba.

Il fait grand soleil, j’ai presque trop chaud. Là haut, il y a beaucoup de vent. En fait, le Christ est creux et percé de petites meurtrières qui permettent de voir à l’extérieur la ville qui s’étale. Le vent et le soleil s’engouffrent dans les petits oeilletons. La structure est en béton, mais les escaliers n’ont pas l’air très solide. Je repense au tremblement de terre... Deuxième projet de la journée, aller au mARTadero, un espace d’art qui est complêtement à l’autre bout de la ville. J’y vais à pied. Il se situe plus au Sud, et effectivement, cette partie de la ville a l’air moins riche. Malheureusement il ne se passe pas grand chose là bas. Un café fermé où deux personnes travaillent sur la terrasse, et une salle d’où s’échappe une forte musique: c’est une répétition de hip hop. Je rentre à la maison, accompagné par une bolivienne de 60 ans qui m’indique le chemin. Les gens sont sympathiques. J’ai pris un joli coup de soleil, et le vent m’a fatigué. Je me couche assez tôt.

Photos du Sud de la ville:

Dimanche 25 mai

Je me réveille et suis accueilli par Dona Mary qui m’explique qu’elle vient de recevoir un coup de fil de Guadalupe. Nous ne pouvons pas partir aujourd’hui car il n’y a pas de minibus qui pourrait nous emmener jusqu’à notre destination. Je passe la journée à préparer notre départ du coup. Je rentre les questionnaires sur une application, ce qui me permettra de faire les interviews avec mon téléphone portable. Cela me prend beaucoup de temps car on ne peut pas transformer le fichier excel en fichier Magpi. Il faut tout rentrer un après l’autre. Une petite leçon de Portugais, et je m’en vais courir. Quand je reviens, la famille est réunie pour fêter les 4 ans de Santiago. J’ai droit à de la torta (du gateau), des empanadas et d’autres douceurs. La grand mère maternelle de Santiago est Brésilienne, elle va m’apporter une revue pour que je progresse en portugais. Nous allons donc partir demain à 9h du matin, je me couche de bonne heure (je suis devenu une vraie poule à ce moment de la Bolivie).

Lundi 26 mai

Réveil en fanfare, je fais mon sac et c’est parti pour le bureau de Cedesol. Finalement, nous petit déjeunons tranquillement, car d’après Guadalupe nous n’allons pas déjeuner ensuite. David a préparé une sorte de petit salé aux haricots rouges, et des oeufs brouillés ! Nous partons du bureau à 11h, et une fois arrivés à l’arêt du minibus, celui ci est déjà rempli.. Il va falloir attendre qu’un autre se remplisse. Nous croisons les doigts chaque fois que quelqu’un traverse la rue. Mais le mini-bus se remplit au compte goutte. Guadalupe va nous acheter une glace qui sera notre déjeuner. Nous attendons deux heures, et le bus se remplit finalement. Nous partons donc à 15h. Nous traversons la ville, sortons et Guadalue me prévient. Nous allons passer à côté de l’une des deux mers de Bolivie. En fait, c’est un grand lac artificiel non loin de Cochabamba. Nous nous arrêtons au bout de 1h30, et je me retrouve à côté (enfin à partager) la place avec un monsieur qui transporte un gateau. Nous sommes tout serrés. Je pensais me plaindre, mais voilà que nous arrivons à un autre village où il y a un grand marché.

Deux petites vieilles rentrent dans la voiture. Une à l’avant sur les genoux d’un des monsieurs du devant. Et une à l’arrière. Maintenant toute la voiture est bien remplie. Nous sortons de la route goudronnée, et roulons quelques kilomètres sur un chemin de pierre. Deux énormes éoliennes apparaissent à l’horizon. Ce sont les premières élionnes de Bolivie, et apparemment c’est la région la plus ventée de Bolivie. Le bus nous dépose à cet endroit. Nous marhons un peu et arrivons à Chimboata, village colonial. C’est un très ancien village où il y avait beaucoup de population. Il est un peu déserté désormais.

Nous sommes à 5 km de notre destination finale, Misquiyaku. Nous marchons donc, le vent dans le dos. Le chemin serpente le long de montagnes un peu pelées, on voit des crevasses qui font penser au grand canyon. Quelques eucalyptus dans le lointain, des champs de blés quand le terrain est assez plats pour pouvoir semer et récolter. Guadalupe me montre au loin une rangée d’arbre: c’est là où nous allons ! Misquiyaku veut dire “Eau douce”, mais on se demande s’il y a beaucoup d’eau dans ce coin de la Bolivie. Elle a dû s’évaporer.

Guadalupe m’explique que tous les arbres que nous voyons appartiennent à quelqu’un.. Les gens qui n’ont pas d’arbres doivent se contenter des broussailles. Du coup la cuisine écologique est plus efficace, car elle n’a besoin que de petit bois pour la cuisine.

Nous arrivons au centre du village, qui est très dispersé. Au centre se tient un terrain de foot/basket en béton. Cela s’appelle la Cancha.

Nous attendons une bonne demi-heure. Le soleil se couche et l’on commence à apercevoir les étoiles. Don Pedro, notre hôte pour la nuit, nous rejoint sur son VTT! Il est très sympathique. Il me pose plein de questions sur la France: Il y a la mer là-bas? Que font les gens au bord de la mer?

Nous arrivons dans la cuisine de sa maison, où se trouvent sa femme et ses trois enfants (plutôt des adolescents). L’ainée est là, mais le reste du temps elle étudie à Cochabamba. Cette semaine, c’est les vacances pour elle. Je les interviewe, ils sont dythirambiques sur la nouvelle cuisine écologique. Ensuite, ils nous invitent à manger de la soupe de blé. C’est très bon. Je fais don du gros morceau de viande qui flotte dans mon assiette à Guadalupe. Au mur, une affiche d’Evo Morales ! Nous discutons de tout et de rien. Leur espagnol est meilleur que le mien, du coup il est facile de dialoguer. Ils sont vraiment sympathiques. Guadalupe pense que Don Pedro pourrait être maire et c’est vrai! Il a un très bon contact et de fortes convictions. Il me demande si je vais revenir... Je ne pense pas. Resterons nous amis? S’il installe internet! Je donne l’adresse du blog à sa fille, et nous faisons une photo tous ensemble.

C’est drôle: les visages rieurs et curieux se ferment sur la photo, et tous prennent un air très sérieux. Don Pedro nous accompagne à l’endroit où nous allons dormir: une salle de réunion de la communauté. Nous allons demander à l’institutrice un matelas. Elle nous prête un matelas de paille deux places. Il fait un vent de folie, mais je m’endors bien au chaud dans mon duvet Quechua.

Mardi 27 mai

Nous nous réveillons aux aurores, et c’est parti pour une journée d’interviews. Les gens parlent espagnol en majorité. Ici d’ailleurs, on ne dit pas espagnol mais Castellan, pour séparer la langue du pays qui les a colonisés. Le reste des gens parlent un mélange d’espagnol et de quechua, principalement les personnes agées. Les maisons sont très éloignées les unes des autres. Nous marchons une demi heure entre chaque maison. Parfois dans le lit de la rivière asséchée, parfois au bord des crevasses d’érosions.

C’est marrant de voir que beaucoup des fours solaires sont bien à l’abri à l’intérieur des maisons et pas forcément en usage. Par contre les cuisinières à bois sont toutes en usage. Guadalupe m’explique qu’il est difficile de changer ses habitudes. Cuisiner avec une cuisine solaire demande de commencer dès 7h du matin, d’y laisser un poulet pour qu’il soit cuit à point à midi. Beaucoup de gens ont aussi des cuisinières à gaz. En effet, la Bolivie produit du gaz, et donc peut se permettre de subventionner les foyers boliviens. Une bombonne de gaz coûte en moyenne 3 euros, le gouvernement paye les 3 euros restants. Cela me semble bon marché, mais je ne sais même pas coûtait le gaz à Paris. Nous retournons déjeuner chez Don Pedro qui n’est plus chez lui. Sa fille nous sert une soupe de pâtes super bonne. Nous allons voir Don Pedro qui est en train de nettoyer son blé, avant de le mettre dans de gros sacs.

Il me pose encore une ou deux questions drôles. Je lui raconte qu’ensuite je vais faire une mission au Brésil. Il n’arrête pas de me dire “Tu iras au Brésil/ en France, si tu ne meurs pas”... Ce qui fait bien rire Guadalupe. Quand je lui rétorque que “Je ne vais pas mourir!”, elle rigole encore plus. Nous partons du village à pied jusqu’à Chimboata.

Il fait un vent très violent, comme s’il ne voulait pas que nous partions. Nous y arrivons au final, effectuons encore une série d’entretiens. Arrive le fils de Don Pedro avec sa moto, il va nous reconduire jusqu’à la route principale, d’où nous pourrons prendre un taxi. Il y a des nuages au loin, et le vent est si fort qu’il transporte des gouttes de pluies. Il fait grand soleil pourtant, nous sommes donc entourés d’arcs en ciel.

Peu de voitures passent sur la route principale, nous attendons une bonne heure, quand finalement arrive un taxi qui s’arrête. Il est rempli, je ne vois pas où nous allons pouvoir nous assoir. Le chauffeur de taxi ouvre son coffre: ici ! C’est parti pour 4 heures dans le coffre avec la musique catholique à plein volume : “Chris-TO, Chris-TO, tu vas venir me sauver, Chris-TO, Chris-TO”. On rigole bien avec Guadalupe, puis finalement j’arrive à m’endormir. Arrivée à Cochabamba dans l’après midi, je rentre chez Dona Marie pour un décrassage important. Je suis crevé, mais ce soir, il y a un événement Parlana sur facebook. Dans le bar Bolivar du centre ville, se retrouvent les membres de cette association. Il s’agit de favoriser les échanges interculturels. Je rencontre 2 Cochabambinas (habitantes de cochabamba), un Italien, deux Allemands et des joueurs de Reggae. Mais à partir de 23h, je n’en peux plus et rentre chez moi.

Mercredi 28 mai au Samedi 30 mai

Je continue d’exploiter les données qui existent déjà au travail, puis finalement David me montre une autre source de données qui pourraient être utiles. Nous allons sûrement repartir la semaine prochaine. Une autre option pour les interviews serait de téléphoner aux personnes qui ont des numéros et leur poser uniquement quelques questions.

Samedi soir, c’est l’anniversaire de Paola. Elle me donne rendez-vous au Dortmund, un bar du centre de Cochabamba. Je m’attendais à un bar dont les murs seraient recouverts de bois... Il n’en est rien, c’est un bar super moderne et immaculé, qui sert tout de même quelques bières artisanales. Au départ, Paola n’est pas ici, mais je retrouve Punky, le fils de Dona Mary en train de boire quelques bières avec 2 de ses amis. Je me joins à eux. Finalement Paola et ses amies arrivent, nous nous joignons à elles. C’est très sympa, Evan, le volontaire américain qui a rejoint Cedesol vendredi se joint à nous. Puis il est 1h du matin, c’est l’heure de partir en discothèque. Nous partons à l’Avalon, une boite qui a ouvert il y a 15 jours. Heureusement, les amis de Punky connaissent les gérants, j’ai oublié de prendre une photocopie de mon passeport. C’est une grande salle où les gens dansent sur de la musique électronique. Les garçons sont comme dans les boîtes de nuits françaises. Mais les filles sont perchées sur des talons de minimum 10 centimètres, et dans des robes multicolores. On dirait des oiseaux qui sont toujours à la limite de tomber en dansant. A 3 heures du matin, c’en est fini de la musique électronique, les DJ mettent les tubes latinos: Enrique Iglesias et son “Te estaba buscando, por la calle gritando”, ou la chanson argentine “Quiero tomar una cerveza”. Je me fatigue vers 4h du matin et rentre à la maison.

Dimanche 31 mai

C’est la fête des mères ! Au réveil, un petit skype avec la reine mère, puis une bise pour Dona Mary et Carmen sa soeur. Après manger je me rends au Festival de Yoga de Cochabamba. Depuis 8h et le salut au soleil, les adeptes enchainent les cours de yoga gratuits. Je rejoins Fabio, un pote italien que je me suis fait à la soirée Parlana. Même s’il est sorti hier soir, il est depuis 10h du matin en train de tester les différents types de Yoga. Moi j’arrive à 14h, et cela commence par du Yoga tonique, une sorte de Pilates, qui est pas mal. Ensuite on a le droit à du Yoga pour les personnes âgées. C’est plus mou, mais ça étire bien mes muscles endoloris. Puis on enchaîne sur du Yoga dansé. C’est nul. Il faut faire n’importe quoi sous prétexte que c’est du Yoga. Ensuite, un cours de Yoga classique me plait pas mal. Enfin, un cours de Yoga mystique me saôule. L’intervenant nous fait un cours sur les chacras et la lumière: “Vous visualisez un cône par lequel rentre toute la lumière rouge et qui vient nourrir votre chacras”. Lassé, je pars du festival.

Lundi 1 juin

Je me rends au boulot de bonne heure, et j’apprends que nous allons partir le soir même pour Yamparaez. J’essaye d’avancer un peu l’exploitation des données pour savoir ce qu’il serait intéressant de vérifier sur le terrain. Ce midi, nous fêtons tous ensemble l’anniversaire de Paola, avec un peu de guacamole et un gâteau “Trois lait”. Paola se moque de moi en me disant “Lait d’annesse, lait de chèvre et lait de vâche”. En fait, c’est lait en poudre, lait concentré et lait normal. Pour l’occasion, une ancienne volontaire est passée par Cochabamba avant de rentrer aux Etats Unis.

A 17h, je pars du bureau pour préparer mon sac de voyage. Cette fois je vais prendre mon gros sac, pour pouvoir tout faire rentrer. A 19h, je pars prendre le turfi (petit bus) jusqu’au “Terminal” m’a dit Guadalupe. Je rentre dans le turfi, et pour une fois, ne demande pas mon chemin, pensant devoir sortir au terminus. Au bout d’une heure de trajet, je m’inquiète un peu. Le terminal devait être à une demi-heure de voiture. Nous sommes maintenant à l’autre bout de Cochabamba, quasiment à la sortie de la ville. Le chauffeur me fait savoir que c’est le terminus. Je lui demande où sont les bus. Il me répond que nous y sommes passés il y a une demi-heure... Je dois reprendre un turfi dans le sens inverse pour me rendre au terminal. J’y arrive à 20h30, alors que nous avions rendez-vous à 19h. Guadalupe a l’air inquiète, il nous faut maintenant trouver une place dans un bus pour Sucre! Ce n’est que la 4ème ville du pays, les bus sont presque tous partis. Il ne reste qu’une place dans un bus qui est en train de partir. Nous achetons deux places: une assise pour Guadalupe, et une dans la cabine du chauffeur pour moi. Heureusement j’ai pris un petit matelas de chez Dona Mary. Lorsque la lumière s’éteint à l’arrière du bus et que tout le monde s’endort, j’étale mon matelas et je m’endors dans le passage. Je suis réveillé à 5h du matin par le premier voyageur qui souhaite sortir

Mardi 2 juin

Nous sommes arrivés à Sucre ! Une ville pleine de colline, pour ce que je peux en voir. Nous prenons le taxi pour nous rendre à un autre terminus de bus. De là, nous allons prendre un autre bus pour la ville de Yamparaez. Il s’agit plutôt d’un petit département. C’est dans ce département que Cedesol a installé quasi 80% de ses 1200 fours solaires ou améliorés. Nous arrivons dans le village à 9h du matin. Nous sommes accueillis par Carola. Elle travaille à la mairie, et est le relai local de Cedesol. Elle va nous héberger, et connaît tout le monde, en particulier où se trouvent les fours dans les communautés. Tous les 3, nous prenons un autre bus pour nous rendre dans une autre communauté: Lavadero. Une fois arrivés là-bas, nous commençons les interviews. Bien souvent, les gens sont au champs en train de travailler: ils s’occupent des bêtes, coupent le blé à la cerpe.

Carola s'occupe d'un chevreau

Je fais certains interviews assis, d’autres debout. Dans une des maisons, une truie vient de mettre bas. Elle grogne quand on la regarde, donc nous la laissons en paix. Tous ont des chiens, plus ou moins sympathiques. En général ils grognent, puis quand nous nous approchons d’eux nous sautent dessus espérant un peu de nourriture ou des carresses. D’autres sont en train de préparer à manger pour leurs familles. Les gens parlent un peu moins espagnol ici qu’à Misquiyaku. Le soleil tape fort ! J’ai pourtant mis de la crème solaire et un sombrero, mais je vais attraper un coup de soleil. Sur notre chemin, un petit chiot se met à japper. Il nous suit pendant 5 minutes, puis nous rencontrons un monsieur qui revient des champs avec 2 ânes. Il lui crie de retourner chez lui. “C’est un chiot qui fugue sans cesse. Il cause beaucoup de souci à ses propriétaires”. Le monsieur est très drôle. Il possède une cuisine améliorée donc nous l’interviewons. A la fin de l’interview, je lui propose de le prendre en photo. Il refuse, arguant que “les français vont avoir peur et penser que tous les boliviens sont laids comme moi”. Je n’insiste pas. Nous nous rendons ensuite dans une autre maison, où la grand mère s’occupe de sa petite fille.

Elle nous invite à manger des pâtes et des légumes. Cela tombe bien, nous commencions à avoir faim. Une autre famille vit dans une gare désaffectée. Le bâtiment est beau, mais la ligne de chemin de fer ne fonctionne plus depuis une vingtaine d’années. Nous commençons une n-ième interview avant que le monsieur nous révèle qu’il ne se sert plus de la cuisinière écologique depuis que sa femme est morte... “Cela fait 2 mois”. Il est tout de noir vétu, et nous décidons de ne pas l’importuner plus longtemps sur sa consommation de combustible. La nuit tombe, il nous faut revenir à notre camp de base. Malheureusement, pendant 30 minutes aucune voiture ne passe sur la grand route. Il nous faut encore attendre une quinzaine de minutes avant qu’un minibus bondé passe. Il reste tout juste 3 places. Nous retournons au centre de Yamparaez, dinons d’un sandwich aux oeufs et de quelques frites, puis allons nous coucher. Il fait froid! Je mets la capuche de mon sac de couchage, Carola apporte à chacun des couvertures supplémentaires qui nous permettrons de dormir sans trop ressentir le froid.

Mercredi 3 juin

Maison de Carola

Le lendemain, réveil à 8h. Nous avons dormi 12 heures d’affillées. Aujourd’hui, le mari de Carola qui possède une voiture va être notre chauffeur. Malheureusement sa voiture vient de crever. Il change le pneu, achète un nouveau pneu de secours et c’est parti! Nous prenons très vite un petit chemin en terre.

Nous arrivons dans un premier village qui va être bientôt raccordé au gaz et où les gens sont venus à bout de la forêt: ils ne se servent plus de leurs fours, car acheter du bois est trop cher. Nous repartons vite. Nous nous retrouvons face au chantier du nouvel aéroport de Sucre. Nous traversons les travaux. De l’autre côté de la nouvelle route qui conduira les passagers de l’aéroport à la ville, deux maisons avec des cheminées: ils ont des fours ! Puis nous partons dans un village assez loin. Ils ont été raccordés à l’électricité voilà 1 an. Le village s’est cotisé pour acheter un four pour l’école.

Exemple de cuisine " A trois pierre"

Auparavant, les enfants devaient ramasser du bois, pour qu’un de leurs parents prépare à manger (à tour de rôle). Désormais, grâce au four, les enfants n’ont pas besoin d’aller chercher autant de bois, et pour la personne qui prépare à manger, le processus est plus rapide. Le soleil commence à se coucher. Nous allons chercher nos derniers interviews dans des maisons très éloignées.

Quand la nuit tombe réellement, il nous faut revenir à Yamparaez. Ce soir, nous dînons avec Carola et son mari. C’est l’occasion de rire des différences d’alimentation entre la France et la Bolivie. Je leur raconte que j’adore les fruits de mer. Ils sont un peu dégoutés. Ce soir, c’est le jour de la douche. Ils ont une sorte de petit appareil chauffant. L’eau n’est donc pas à 5 degrès comme l’air environnant, mais elle n’est pas à 30 degrès. Je me lave les cheveux en vitesse, et me précipite ensuite dans mon sac de couchage.

Guadalupe me raconte les histoires des villages: une communauté se trouve à côté d’une rivière. Ils racontent qu’il ne faut pas trop s’approcher de la rivière, parce que si l’on est seul, des sirènes males et femelles viennent chanter et veulent que l’on se jette à l’eau. La personne seule se noie. Apparemment le plus souvent ce sont des femmes qui voient un homme torse nu avec une queue de poisson. Je trouve cela marrant que l’histoire des sirène existe aussi en Bolivie alors qu’il n’y a pas d’accès à l’eau. Elle me raconte aussi que à Sotomayor, ils sont hébergés dans un centre de santé du village. L’infirmière leur a raconté que très souvent elle voit des fantômes. En effet, le centre de santé a été construit sur un cimetière. Je lui raconte alors l’histoire de la dame blanche. Je lui dis aussi que quand j’étais petit, ce qui me faisait le plus peur c’était que les nazis débarquent chez moi et nous fassent brûler au lance-flamme. Malgré toutes ces histoires de fantômes, nous trouvons rapidement le sommeil.

Jeudi 4 juin

Nous faisons quelques interviews dans le centre de Yamparaez aux personnes qui possèdent des fours. Une jeune fille accepte d’être interviewée en échange d’une traduction de ses exercices de physique qui sont en anglais. Dur dur de traduire piston, pression, mégaPascal...

A midi, nous prenons le minibus en direction de Sucre. Guadalupe a accepté que nous faisions un peu de tourisme dans le centre ville. Malheureusement, c’est un jour férié, Corpus Christi, et les musées sont fermés. Nous nous balladons donc dans le centre ville, qui est très beau. Les maisons sont toutes blanches. On se croirait un peu dans une visions idyllique de l’Amérique Latine. Au lieu de faire les musées, nous nous balladons dans les marchés de la ville. D’abord le marché central, où nous achetons mandarine, puis une sorte de carotte douce cuite, puis des cacahuètes.

Ensuite, nous allons sur le marché campagnard, à l’autre bout de la ville. C’est le marché où les paysans des environs viennent vendre leurs produits. Je mange une soupe de maïs. Les gens mangent des intestins de vache grillés, des frites. Sur le marché il se vend de tout, la diversité des légumes est incroyable. Nous allons dans une partie réservée aux vêtements. Nous farfouillons dans les étals de vêtements de seconde main. Je trouve un pull bariolé et Guadalupe un T-shirt rouge. Nous rigolons bien devant les horreurs que l’on peut trouver. A 18h, c’est l’heure de se rendre au terminal de bus. Notre bus part à 19H30. Cette fois, nous nous y sommes pris à l’avance et j’ai une place assise. Finalement, je dors moins bien qu’à l’aller !

Photos de Sucre:

L'ancien siège du gouvernement (je crois nous n'avions pas de guide). Et quand je lis la devise à Guadalupe "L'union fait la force", elle répond "A ce qu'il parait"

les bouchers du marché central

Au Marché Central, des dames en hauteur préparent des jus de fruits

L'église du Couvent de Sainte Thérèse

Une autre église

Au Marché Paysan, un vendeur d'épluche légume ensorcelle la foule

Vendredi 5 juin

Arrivée à 4h30 à Cochabamba, la ville dort. Nous négocions avec le taxi, et j’arrive chez Dona Mary. Après avoir essayé de dormir, je me rends au boulot. Je dois traiter les données pour qu’elles soient exploitables. Le soir, je décide d’aller nager. Une fois rentré à la maison je m’effondre et dors 13 heures !


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