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En mission à Kathmandu

Mercredi 25 mars

Ce matin, réveil à 7h pour partir à 8h de l’hôtel. Nous prenons nos sacs, et dans l’escalier très escarpé Anne Charlotte, avec son sac de 13 kilos à l’arrière et son sac de 5 kg à l’avant, glisse. Elle laisse échapper un petit cri. Elle a atterri sur sa cheville et cela lui fait super mal... Notre avion part dans 3 heures, nous n’avons pas le temps d’aller à l’hopital. Nous prenons un taxi. Nous sommes vite bloqués dans les embouteillages. A l’aéroport, nous allons dans une pharmacie duty-free, elle s’achète un bandage et de l’arnica. Nous sautons dans l’avion. On pensait voir les sommets enneigés de l’Himalaya, c’est rapé, nous atterrissons au milieu des nuages. Nous avons reservé une chambre dans un hôtel qui s’appelle “Happily Ever After” (la façon anglaise de dire “Ils vécurent heureux...” à la fin des contes). Nous partageons notre taxi avec Jonathan, un Israelien roux qui vit depuis 6 ans à Barcelone.

Pendant la traversée de la ville, nous sommes d’abord frappés par le nombre de masques que les gens portent. Nous apprendrons plus tard que Katmandou est une ville où les routes, les bâtiments sont en travaux. Cela dégage énormément de poussière, ce qui oblige le port du masque. Pour ce qui est de la pollution, il y a moins de voitures qu’à Bombay à mon avis. Mais la ville est située dans une vallée, encadrée de montagnes, ce qui pourrait bloquer les gaz d’échappements.

Autre point d’intérêt, le quartier dans lequel se trouve notre hôtel. Je n’en avais jamais vu de comparable. Il s’agit de ce que le Lonely Planet appelait “Backpackistan”. Ici, il y a un touriste pour un local, les facades ont disparu derrière les panneaux qui vantent les mérites de l’ayurveda, de massages, de cours de yoga, de restaurants, de bars, d’hôtels. Les magasins dans la rue sont une alternance de magasins NorthFace (quoiqu’à l’intérieur les étiquettes ont parfois l’inscription NorhtFace, ce qui nous fait douter de l’efficacité des doudounes). Les restaurants sont japonais, mexicains, italiens, français et parfois népalais.

Nous mangeons japonais, et Anne Charlotte commence à avoir très mal à la cheville. Nous nous rendons dans la clinique la plus proche. Elle doit remplir de nombreux formulaires, appelle son assurance. Finalement, il n’y a pas de docteur disponible pour la prendre en charge. Ils lui proposent un rendez-vous le lendemain à 8h30.

Le soir, nous allons dans un bar où il y a un concert, enfin plutôt de la musique live: ce sont des reprises de grands tubes pop. C’est pas mal, le chanteur est bon. Nous verrons par la suite que Katmandou regorge de ces petits concerts où les groupes jouent les mêmes tubes... En viendrons nous à ne plus aimer ColdPlay?

Jeudi 26 mars

Nous nous réveillons un peu tard, il nous fallait récupérer de notre fatigue. Anne Charlotte n’est pas allé à son rendez vous car son pied ne lui fait plus mal. Apparemment, le bandage était trop serré! Nous faisons une petite danse de la joie.

Nous avons rendez-vous cet après midi avec l’ONG pour laquelle nous allons travailler, WHR: Women for Human Rights. En attendant, je décide d’aller explorer la ville à la recherche d’une piscine. Apparemment il y en a une au sud de la ville à côté du stade national. Je prends un petit bus, rempli à ras bord et l’on m’indique où descendre. L’accès principal à la piscine est fermée, en effet dans le stade a lieu une immense cérémonie de l’armée népalaise. Je réussis à me faufiler et trouver l’entrée de la piscine. On dirait qu’elle est désafectée. Soudain, une voix derrière moi, c’est le maître nageur qui m’explique que la piscine sera ouverte dimanche prochain. En effet, c’est une piscine en plein air et les hivers népalais sont rigoureux. Il me donne les horaires et je me promets de revenir dans cette piscine où j’aurai peut être plus de place pour nager qu’à Bombay.

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La fameuse piscine

Retour dans un petit tuk tuk-bus encore plus bondé.

J’ai un appel avec une ONG suisse pour discuter d’une mission possible en Bolivie pour une ONG partenaire qui fournit des fours solaires à des familles. Ils sont prêts à compenser notre impact carbone en échange de la mission ! Nous tombons d’accord sur les modalités et il envoie à leur ONG partenaire une proposition de mission. Il faut désormais attendre leur réponse.

Dès la fin de cet appel, nous partons pour l’association. L’association est située dans un quartier résidentiel, au fond d’une petite rue, non loin de l’embassade chinoise. Nous sommes accueillis par Upasana, qui est la responsable des programmes économiques. Elle est très sympathique, nous prévient que les jours qui suivent nous allons avoir du mal à être briefés car c’est l’événement national biannuel de l’association. Elle organise un rendez-vous avec Lily, la cheffe de l’association le lendemain.

Nous dînons avec Jonathan, qui avait proposé ses services à WHR. Malheureusement ils ont déjà du pain sur la planche avec nous, ils n’ont pas voulu qu’il travaille avec nous. Il est très sympa, nous raconte sa vie de manager d’hôtels. Il a été officier pendant 3 ans dans l’armée israélienne, et n’a pas fait d’études supérieures, seulement une année de licence pour réaliser des documentaires à Barcelone.

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Cécile et Anne Charlotte devant l'entrée de WHR

Vendredi 27 mars

Nous visitons le Chhahari, qui est situé non loin du siège de l’association. C’est censé être le bras social business de l’organisation. Malheureusement, il est en perte de vitesse. Il propose 3 types de service: de la location d’espace pour des formations, un traiteur et de la couture. Suite à des problèmes de qualité, le Chhahari a perdu pas mal de ses clients. D’autre part, ils sont locataires de leurs murs et devront quitter les lieux dans 2 mois. Nous déjeunons là-bas, notre déjeuner est la seule chose que l’ONG pouvant prendre en charge.

Ce deuxième jour dans l’association est aussi l’occasion de prendre rendez-vous avec tous les employés de l’ONG. Ils sont tous marrants. Il y a déjà Upasana, qui nous suprend chaque jour avec une nouvelle tenue. Lily est la meneuse, de sa voix douce, elle réussit à motiver les foules. Il y a aussi BalKrishna, c’est le directeur des opérations, il est toujours en train de rôder, mais pour savoir qui il pourra aider. Enfin il y a Uma, la directrice de la com, qui part dans tout les sens et parfois s’arrête de parler pour dire “je vais sortir de la pièce maintenant”. Et encore je ne parle pas de Frauke, des volontaires Jolly, Nieza, de Khunda, Chandrika. L’ONG est majoritairement féminine, sauf pour les postes de finance et de directeur des opérations.

Nous dînons avec Chloé, une française qui fait un tour du monde toute seule. Elle a pris une année sabbatique entre sa 2eme et sa 3eme année de médecine.

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Dans Kathmandu, une vache à deux têtes

Samedi 28 mars

Un jour ensoleillé nous attend. Après le petit déjeuner, nous partons à la recherche de Buddha Stuppa... Une stuppa qui est censée être incroyable et non loin du centre. Nous partons en marchant, le long d’une grande route embrumée. En effet, même s’il fait beau à Kathmandu, la ville est encore recouverte d’un nuage de poussière. Autre explication:l’absence de routes goudronnées à certains endroits de la ville. Le passage incessant des taxis, bus, voitures et bus-rickshaw projette des nuées désagréables. Tous les commerçants luttent contre la poussière avec des plumeaux pour épousseter leurs produits. La moitié des passants porte un masque. Il y en a pour tous les goûts, du masque kawaï au masque batman.

Nous voyons au loin une grande forme blanche, nous pensons qu’il s’agit de la Stupa, nous avançons et avançons. Nous sommes arretés par un garde en uniforme qui nous fait savoir qu’il s’agit d’une prison. Mais? Où est la Stuppa? Nous n’en pouvons plus, il est 13h30, nous décidons d’aller déjeuner. Mais dans le quartier de la prison, il n’y a pas foule de restaurants. Nous trouvons un foodcourt au dernier étage d’un centre commercial. Cela n’a pas l’air très bon mais nous avons trop faim pour faire la fine bouche. Les filles commandent des nouilles sautées qui se révèlent immangeables. Nous faisons un petit scandale (“Comment est-il possible de rater des nouilles sautées?”), elles finiront leur repas ailleurs. Pour ma part, j’avais choisi une soupe coréenne qui se révèla être super bonne!

Depuis ce centre commercial, nous abandonnons les recherches de Stuppa et partons en direction du Monkey Temple, un temple situé à l’autre bout de la ville. Nous réussissons à prendre un minibus direct qui est vraiment mini, il faudrait plutôt parler d’un van. Il nous dépose au pied du temple. Il faut gravir quelques 500 marches pour arriver au sommet. Sur le chemin, des tas de petits singes, et même des chiots nous attendrissent. Nous faisons une petite pause au milieu des népalais qui pique-niquent tranquillement, les femmes balayant le sol, les hommes jouant aux cartes...

En haut, c’est une sorte de demi-boule blanche surmontée d’une grosse lance dorée qui nous attend. Tout autour de nombreux petits détails, des sortes d’ex-voto, puis encore des chiots. Aussi, les petits drapeaux tibétains rajoutent au folklore et il fait très beau. C’est en fait un temple bouddhiste, et les deux yeux qui surmontent le demi-globe sont ceux du Buddha! Nous redescendons après un long moment de contemplation, et sur le retour assistons à la crise d’un gros singes qui s’attaque à un groupe de népalais, sautant sur le dos de l’un d’entre eux et montrant les crocs.

Sur le chemin du Monkey temple

Dimanche 29 mars

Réveil tôt ce matin pour être à 8h au Staff College. L’association a loué un grand amphithéâtre pour son événement national. Il s’agit de réunir les représentantes des groupes de femme. Chaque femme dans l’assemblée représente 500 autres femmes au minimum. C’est l’effervescence à notre arrivée. On me met d’office responsable vidéo... Nous leur rappellons que l’objectif est pour nous faire des entretiens. Au départ, nous devons écouter l’événement alors que celui-ci est en Népalais! Je filme sans trop comprendre ce qu’il se passe.

Je suis étonné quand les hôtes de marque allument des bougies qu’ils font flotter dans une sorte de vasque remplie d’eau, recouverte de fleurs. La cérémonie commence alors vraiment, et les intervenantes s’enchaînent au micro. Nous réussissons à nous échapper avec une interprête et une veuve et commençons les interviews. Elles sont très sympathiques et pleines de ressources. En général, elles avaient un travail ou étaient femmes au foyer avant la mort de leur mari. Le jour de sa mort, leur vie a changé et elles ont dû répondre à deux exigences contradictoires: sortir le moins possible de chez elles ET subvenir aux besoins de leur famille. Il faut savoir que les femmes que nous interviewons sont parmi les plus chanceuses, car elles ont pour la plupart eu une éducation et assez de liberté pour pouvoir devenir représentantes de leur groupe local. Pour beaucoup d’autres, la mort de leur mari signifie le début d’un esclavage pour leur belle famille. Pour d’autres encore, c’est le début de la prostitution.

Celles que l’on interviewe font de multiples activités, de l’élevage de poulets plus gros qu’une chèvre jusqu’à la production de bijoux. Je continue de filmer par intermittence.

Nous sommes briefés par Frauke, qui est une allemande qui travaille pour WHR. Elle est payée par GIZ, l’équivalent allemand de l’AFD (Agence Française pour le Développement). Elle souhaite que WHR recoive des fonds de la part de l’ONU Femmes (UNWomen). Pour ce faire, il faut leur présenter un projet de développement économique. Elle nous propose de nous occuper de l’identification des acteurs de l’économie népalaise. C’est assez nébuleux, mais nous voulons bien l’aider. Cela nous permettra aussi de bien préparer notre mission.

Nous allons déjeuner, c’est le Chhahari qui a préparé la nourriture pour les 200 participantes. Comme d’habitude c’est vraiment bon. On identifie peut être le problème auquel est confronté le Chhahari en terme de cuisine. La nourriture qu’ils produisent est très bonne mais c’est typiquement ce que chaque Népalaise sait cuisiner. Du coup, les Népalais ne seraient pas très enthousiastes à l’idée d’acheter leurs plats.

Après avoir effectué quelques interviews, puisque les femmes sont en pause, nous retournons dans l’amphithéâtre, je filme quelques discours. Puis Cécile commence à s’inquiéter de la disparition de son sac. Durant le déjeuner, elle l’a laissé dans une petite salle attenante à l’auditorium. Dedans se trouvait son ordinateur. Nous retournons tout le Staff College sans réussir à le trouver. Elle est certaine de l’avoir laissé dans cette petite pièce, il n’est plus là. Rebondissement de dernière minute: Anne Charlotte ne retrouve plus son appareil photo (entre un reflex et un appareil normal, c’est un bridge). Pourtant, son sac est encore là... C’est maintenant sûr, quelqu’un a volé leurs affaires. Normalement, un membre de WHR aurait toujours dû être dans l’entrée, mais il est quasiment certain qu’au moment du déjeuner, un voleur a profité du bon appétit de chacun pour voler le sac de Cécile et l’appareil photo d’Anne Charlotte. Heureusement pour Anne Charlotte, il/elle n’a pas embarqué son sac, qui contenait son passeport, son portable, etc. Nous nous rendons au poste de police le plus proche. Contrairement à l’Inde, ils sont assez efficaces, et reviennent sur les lieux avec nous pour “enquêter”. Ensuite, ils établissent le dépot de plainte mais perdent de leur efficacité en n’écrivant que “Prénom: Anne Nom: Charlote” sur le dépot de plainte. Ils nous promettent de modifier la version anglaise dans une semaine. Assez remués, nous retournons à l’hôtel.

Lundi 30 mars

C’est le deuxième jour de l’événement, cela se passe cette fois au Chhahari. Concrêtement les femmes vont voter pour élire le nouveau bureau de l’association. Nous sommes dans le bureau, en train de préparer la proposition pour l’ONU Femmes. Nous rencontrons la personne en charge de la finance au Chhahari, il se prénomme Akshay, il est de notre âge. Il nous propose de faire une ballade avec lui et son groupe de potes samedi.

Nous profitons de la présence des femmes pour en interviewer le plus possible. Il pleut énormément, et tout le monde s’abrite sous un barnum népalais: une grande tente aux motifs floraux.

Nous dinons avec Karan, le copain d’une amie de Cécile. Il est très sympa, mais quitte le pays mercredi. Sa cousine nous conseille des films népalais que nous regarderons par la suite: The dance of the orchid (La danse des orchidées, une histoire d’amour), Caravan et un troisième film que nous n’avons toujours pas vu. Nous avons trouvé sur internet un logement à 200 euros le mois et bien situé, nous allons le visiter demain après le boulot.

Mardi 31 mars

Nous nous rapatrions au siège de l’association pour travailler. Nous avons bien avancé hier sur le projet de l’ONU. Nous avons un meeting ce matin avec Frauke, Upasana, Santos (qui travaille dans une ONG anglaise) et Kristin, qui est une volontaire américaine. Elle travaillait dans une entreprise de conseil pour aider d’autres entreprises à répondre à des appels d’offre. Elle est très efficace et sportive. Nous espérons que nous pourrons travailler avec elle. La réunion est intéressante.

Nous déjeunons avec Karan, qui nous assure que la compétition est rude sur le marché des traiteurs.

Nous pouvons interviewer certaines femmes qui restent pour un training. D’autre part, nous continuons les recherches pour l’ONU. Nous nous rendons à notre visite d’appartement. Nous retrouvons le propriétaire, c’est un jeune de 25 ans. Nous le suivons dans de petites ruelles sinueuses. Nous arrivons dans un immeuble vide. Il nous fait monter 3 étages. C’est un espace nu, le sol est en béton et les murs ne sont pas peints. Dans la salle de bain (aucune baignoire mais un robinet et un seau), il y a une crotte de chien. Cela ressemble à un squat et il fait froid. Nous explosons de rire, en se promettant de ne pas visiter de nouveaux endroits si peu chers. Nous passons la soirée dans un café où le wifi est bon pour trouver un nouveau logement. Nous ne faisons qu’appeler des propriétaires d’appartement. Cela marche moyennement.

Nous allons dîner dans un restaurant pas cher. A une table, un français tout seul. Nous l’abordons. C’est un vrai dur, il fait depuis 4 mois des treks tout seul au népal (“De la randonnée bon sang!”, il n’est pas fan des anglicismes). De fil en aiguille, nous apprenons qu’il a un bon plan d’hôtel, un peu en dehors de Thamel, mais peu cher (4 euros la chambre simple, 5 euros la double). Nous allons visiter son hôtel, malheureusement il n’y a qu’une chambre de disponible. Cécile visite un hôtel non loin du premier. Le propriétaire lui propose des chambres à 4,5 euros. Cela ressemble un peu à une favela, mais cela a son charme et nous aurions une terrasse pour jouer aux cartes ou travailler le soir. Nous réservons pour la nuit suivante.

Mercredi 1er avril

De bon matin, nous changeons d’hôtel pour aller dans cet hôtel qui s’appelle “Peace Friendship Guesthouse”. Nous avons donc deux chambre dans la favela.

Nous allons ensuite au travail, faisons quelques interviews. Les interviews ont lieu seulement pendant la pause déj car les femmes sont en formation. Lily a décidé que nous aurions 1 heure seuls à seuls avec les femmes pour leur parler de nos projets. Nous décidons d’organiser plutôt un atelier, car c’est nous qui avons à apprendre d’elles. L’après midi, nous préparons l’atelier pour les femmes. Nous allons les séparer en 4 groupes, certaines devront proposer un nouveau produit, d’autres choisir un produit agricole brut, les troisièmes un produit agricole raffiné, et les dernière un service ou de l’artisanat. A chaque fois, elles doivent identifier deux problèmes qu’elles vont rencontrer et des solutions bon marché pour en venir à bout. Nous nous sommes pas mal creusés la tête, maintenant nous demandons à Upasana de traduire chacun des titres d’ateliers en népalais. Elles devront écrire leurs idées sur un grand poster, et élire une représentante qui expliquera le travail de tout le groupe. Notre excitation doit être contagieuse, car au delà de la seule volontaire qui était prévue pour encadrer l’événement, tous souhaitent se joindre à l’atelier. Nous nous demandons si c’est pour voir l’atelier rater lamentablement ou si c’est de la curiosité. Finalement, tout ce petit monde sera très utile pour manager, traduire et motiver les groupes...

Ensuite, à 17h30, il est temps de partir du bureau. Nous allons jouer au tennis! Sur la petite route entre le siège et le Chhahari nous avons trouvé une école de tennis qui se sert d’un terrain de tennis en mauvais état. Le gérant est prêt à nous laisser jouer avec ses raquettes contre 3 euros. Nous jouons ! Cécile est super forte, Anne Charlotte tape bien dans la balle... Et moi j’ai du mal à être à leur niveau. Ce n’est pas grave nous rigolons bien.

Jeudi 2 avril

Le lendemain matin, tout le monde sur le pont pour aller préparer l’atelier! Nous séparons les 4 groupes, les femmes choississent leurs groupes. Nieza leur explique le principe, et top chrono elles ont 40 minutes pour rédiger leur présentation. Un groupe a fini au bout de 20 minutes, il faut les relancer pour qu’elles réflechissent à d’autre problèmes et d’autres solutions. Elles ont choisi différents produits : des patates pour un groupe, des chips de patates pour un autre groupe (elles n’en ont même pas parlé entre elles), des produits en bambous et un magasin à Kathmandu. Nous passons ensuite l’après midi à débriefer avec les volontaires les différentes présentations ainsi que le contenu des ateliers.

Alexandra arrive à 16h, nous la rejoignons. Nous sommes content de la retrouver et allons faire un premier cours de yoga. Elle est partante pour cette activité. C’est, comme en Inde, assez frustrant pour moi. Ce n’est pas très physique et en plus je n’arrive pas à faire certains mouvements car je suis trop raide. Mais le professeur est sympathique et il vient corriger mes positions.

Alexandra nous a rapporté un énorme plateau de fromages! Nous le dégustons tout en discutant du budget. Un gros bout de brie, du comté et du bleu d’auvergne font notre bonheur, même si le pain népalais n’est pas aussi bon qu’à la boulangerie de la place Gambetta. Quand Cécile va reposer le fromage dans le frigidaire, un gros rat saute depuis une étagère. Nous allons nous coucher. Au milieu de la nuit, Anne Charlotte pousse un cri, il y a un rat dans sa chambre. Correction: il y a un rat au dessus de sa tête ! Il est énorme. Elle réussit à s’endormir malgré tout.

Vendredi 3 avril

Le lendemain, conseil de guerre, il nous faut changer d’hôtel. Nous déménageons la porte à côté dans l’hôtel Fairview (belle vue). C’est 50 centimes plus cher, mais c’est beaucoup mieux ! Wifi, eau chaude et grande chambre. Une chambre double à 5 euros et deux chambres simples à 4 euros. Bien entendu, nous arrivons un peu en retard au bureau. Nous présentons Alexandra a tout le monde. Nous faisons des interviews, et travaillons toute la journée sur le projet. A 15h, nous partons au Chhahari pour assister à une conférence sur la santé mentale des veuves. Et même la santé des veuves en général.

On y apprend d’abord que les simples problèmes gynécologiques qui peuvent se poser ne sont pas résolus. En effet, les femmes ont peur que l’on pense qu’elles ont eu des relations sexuelles. La chercheuse prend l’exemple d’une femme qui a eu des pertes blanches et qui n’ose pas en parler.

Les femmes ont aussi souvent exprimé la peur de se faire agresser sexuellement par le docteur. “Si je dis au docteur que je suis une veuve, il me dira que ce n’est pas grave que je ne paye pas, qu’il peut m’emmener dans sa clinique privée”.

Une de leur recherche a été sur le fait de camoufler le fait d’être une veuve. “Je vais au médecin sans lui dire que je suis veuve, cela se passera mieux”.

Les femmes sont victimes de nombreuses violences. On leur reproche la perte de leur mari, on les menace. Elles sont souvent l’objet d’avances sexuelles. Les violences sexuelles sont souvent perpetrées par des membres de la belle-famille ou de leur communauté.

Les façons de s’en sortir sont de deux types:

- Essayer de s’en sortir. Demander de l’aide à leurs amis et leur famille (On parle alors de stratégie adaptive)

- Certaines femmes parlaient d’idées de suicides, ou de l’utilisation de substances (alcool, drogue; on parle alors de stratégie maladaptive).

Face à ces violences, de nombreuses femmes témoignenet que la police n’est pas compréhensive.

Les façons de camoufler son statut sont nombreuses. “Normalement, il ne faut pas dire que l’on est célibataire”. Beaucoup de femmes ne disent pas à leurs enfants que leur père est mort. Elles ont peur de pleurer.

Les chercheuses ont aussi identifié les barrières qui se posent aux femmes dans le processus d’obtention de leurs droits. Elles sont de deux types.

- Les barrières internes: ne se sentent pas le pouvoir, ne veulent pas rentrer en conflit avec leurs familles (cela pourrait mettre en danger d’autres avantages qu’elles reçoivent de leur belle famille comme le paiement de l’éducation de leurs enfants),

Les barrières structurelles: ce sont par exemple les barrières financières (les femmes n’ont pas l’argent de faire les démarches).

Les chercheuses ont enfin travaillé sur le deuil des veuves. Aux Etats Unis, il y a une liste d’items auxquels une personne doit répondre pour que l’on puisse identifier quelle est sa maladie. Selon les réponses, le docteur peut établir si la personne a un “Grief Disorder” (Maladie du Deuil?). L’objectif est d’adapter cette liste pour le Népal.

Malheureusement au Népal, il y a beaucoup de discriminations et de problèmes qui peuvent accentuer le deuil.

Pour la pauvre américaine qui a du analyser tout cela, elle s’est vite retrouvée face à des veuves qui avaient à la fois un problème de deuil, mais aussi de stress car elles n’avaient pas de travail, et de l’anxiété.

Quand sa présentation est finie il est déjà 18h, mais nous sommes restés car c’était passionant et bien expliqué. Nous sommes un peu sonnés, et allons passer la soirée dehors pour nous changer les idées.

Sur le chemin du restaurant, Cécile croise un de ses amis de promotion, Romain. Il vient dîner avec nous. Nous avons aussi proposé à un américain, Kim de venir dîner avec nous. Il va peut être s’engager pour devenir médecin de l’armée de l’air. Nous dînons à Electric Pagoda, autour d’un jeu de Jenga.

Ensuite, nous sortons au Funky Buddha, où nous retrouvons Jonathan, notre ami israélien. C’est une soirée trance où nous le retrouvons avec d’autres amis à lui. Apparemment, il y avait une fête juive ce soir-là. La petite communauté de Kathmandu s’est retrouvée à la synagogue. Nous retrouvons au Funky Buddha les amateurs juifs de trance.

Samedi 4 avril

Le lendemain matin, réveil à 9h pour aller se ballader à Shivapuri. Un collègue du bureau nous avait proposé plus tôt dans la semaine de nous emmener faire une petite randonnée avec ses amis. Finalement, ils sont opérationnels à partir de 11h, ils sont eux aussi sortis hier soir. Jonathan se joint à nous. Pour se rendre là bas, deux motos et deux taxis sont notre convoi. Après 20 minutes de route, nous arrivons à l’entrée du Shivapuri national park. Devant nous, une grande chaîne de montagnes. Notre collègue américain Kristin nous a prévenu qu’il y en avait pour 5km de marches.

Les népalais sont super sympas, nous discutons facilement sur le petit chemin qui serpente dans la montagne. Jusqu’au moment où commencent les marches. Il devient plus difficile de discuter. Ils nous font remarquer les Rhododendrons en fleurs, qui sont le symbole du Népal. La fleur est comestible, mais à trop grosse dose, c’est toxique. Apparemment les népalais en font un alcool. Nous nous arrêtons après 3 heures de marche pour un pique nique. Les népalais ont préparé du byriani, il est super bon! Nous leur offrons en échange des sandwich de fromage et tomates que nous préparons en direct. Le fromage népalais est délicieux, c’est une bonne surprise! Nous continuons l’ascenscion. Avec Alexandra, nous commençons à fomenter un coup d’état: nous ne voulons pas monter jusqu’au sommet de Shivapuri. J’en fais part au groupe, et toute la partie non népalaise du groupe soupire de soulagement! La redescente est plus tranquille. La pluie s’abat sur notre tête dès que nous sortons du parc naturel. Nous faisons une petite pause dans un tea shop: une petite échoppe qui vend du thé. La vue sur la vallée de Kathmandu est belle, les nuages sont colorés par le coucher du soleil.

Nous prenons un taxi pour rentrer à Kathmandu, il est beaucoup moins cher qu’à l’aller car c’est en descente et le chauffeur laisse rouler sa voiture !

Le soir, nous allons dîner dans un restaurant japonais avec Jonathan. L’objectif du dîner est de brainstormer avec lui pour trouver des idées de business que pourraient faire les femmes. Les idées fusent et nous nous arrêtons quand Alexandra s’endort sur la banquette du restaurant. Nous sommes tous crevés et rentrons à l’hôtel.

Dimanche 5 avril

Le lendemain matin, je me rends à la piscine. Il fait soleil, je réussis à faire 500m. J’ai ensuite un rendez-vous avec Sastodeal. C’est le Groupon local. Ils sont prêts à vendre certains produits que fabriquent les veuves. En réalité, le patron de l’entreprise est le fils de la boss de l’ONG. Voilà qui va faciliter les relations. Nous ne comprenons pas pourquoi ils ne discutent pas directement l’un avec l’autre. En tout cas, le boss de Sastodeal (la trentaine) a l’air super motivé à l’idée de vendre des produits, donc tant mieux. Je rentre à l’hôtel, nous travaillons encore un peu, puis nous partons à la recherche de la Stuppa que nous n’avions pas trouvé. C’est joli et le centre ville de Kathmandu est charmant, on dirait une ville médiévale.

Lundi 6 avril

Nous nous levons à 7h du matin. Nous avons rendez vous à 8h à WHR pour nous rendre à Kavre. C’est une région située à 2h de bus de Kathmandu où les femmes sont organisées et vendent quelques produits. Ce doit être pour nous l’occasion d’interviewer des femmes qui sont des fermières, et voir leurs produits agricoles.

Nous avons prévu d’y passer deux nuits pour avoir le temps de faire les interviews ainsi que savoir à quoi ressemble la vie d’une veuve dans les campagnes du Népal. Il est prévu que nous rentrions à Kathmandu le mercredi soir. Nous avons en effet un appel skype ce soir là, et le lendemain des rendez-vous avec une chaîne de supermarchés.

Nous devons retrouver la fille de la cheffe de groupe local au siège de WHR ce matin. Elle va nous accompagner à Kavre. Nous arrivons à 8h pile, et recevons un appel de sa part, elle va arriver à 8h15 et nous conseille de prendre un petit déjeuner. Nous nous installons dans un restaurant non loin du bureau que nous n’avons jamais testé. Bien mal nous prend... Il est 8h45 et aucun petit déjeuner n’est arrivé. Prena (la fille de Ramdevi, la cheffe du groupe de Kavre) attend avec nous. Quand les toasts arrivent, nous nous jetons dessus et les mangeons en vitesse. Le bus part à 9h30 de l’arrêt de bus. Le bus est assez rempli, nous avons tout de même des places assises. Nous arrivons à 11h30, et sommes invités chez Ramdevi (cheffe de groupe). Elle nous propose de déjeuner... Nous ne pouvons refuser et en profitons pour faire un premier interview. Nous mangeons du bon riz, du Dhaal Bat, des épinards et un plat préparé à partir d’épinard fermenté (très bon!!). Une fois le repas fini, nous allons interviewer des femmes dans le village. Nous marchons un bon bout de temps au bord de la route, jusqu’à trouver une veuve de 60 ans qui tient un petit magasin. Elle a réussi à élever ses 3 enfants grâce à son petit magasin, et a acheté des terres qu’elle exploite. Elle embauche même d’autres veuves pour les soutenir. Elle nous indique même où trouver l’une d’entre elles. Nous repartons à pied. Etonnement, il fait très chaud ce jour-ci au Népal. Elle est en train de remplir des gros sacs de grains. Elle prend le temps de répondre à nos questions. Nous voulons à la fois savoir quels produits les femmes cultivent ou fabriquent, et aussi si certaines de nos idées seraient faisables. Au retour, il est 14h, nous passons devant l’échoppe de notre interviewée. Elle tend à notre interprète un petit papier jaune. C’est un avis de grève général pour les 3 jours à venir. Notre interprète est inquiète et nous explique qu’au Népal, quand il y a une grève les routes sont coupées et l’on ne peut pas sortir de chez soi. Elle nous demande si nous sommes prêts à rester au Chhahari jusque Vendredi sans possibilité de bouger aux alentours (plus de bus ni de voitures). Nous décidons de rentrer à Kathmandu, mais nous effectuons une rafale d’interviews avant de partir.

Après les interviews, nous nous rendons à la station de bus. Les bus qui passent sont remplis à raz bord de gens et il y a des dizaines de personnes qui souhaitent rentrer dans chacun des bus.. Nous en laissons passer un, puis deux, puis trois.. Puis finalement, nous rentrons dans un des bus. Cécile sera debout, Alexandra et moi assis sur une demie place, et Anne Charlotte a la fesse contre le levier de vitesse. Quand cela freine fort, Anne Charlotte doit s’accrocher pour ne pas passer de vitesse. Parfois, alors que le bus est rempli à ras bord, une famille tente de rentrer. La mère de famille confie parfois un des enfants à Alexandra, qui est ravie. Cécile de son côté a enfin une place assise. D’un seul coup, les filles s’endorment toutes. Je reste eveillé. J’aimerai dire que c’est pour les surveiller, mais c’est plutôt qu’il est impossible de s’endormir avec toutes ces bosses.

Nous avons un restau de prévu avec nos potes népalais, cela va être l’occasion de faire un brainstorming avec eux.

Mardi 7 avril

Finalement, la grève a vraiment lieu... Nous passons notre journée à un restaurant, l’Electric Pagoda. Cela nous permet de travailler avec un bon wifi. Le soir arrive et les filles ont trouvé un cours de yoga non loin de l’hôtel. Echaudé par l’expérience Yoga au Népal, je passe mon tour. Je vais me balader dans Kathmandu, un peu au hasard et un peu à la recherche d’une autre piscine conseillée par un site internet. La piscine coûte 17 euros, je n’y vais pas. Sur le chemin retour, je suis mordu par un chien errant. Je ne pense d’abord pas à la rage! Je rejoins les filles qui me disent que demain matin, je dois aller me faire re-vacciner. Un seul hôpital semble avoir le vaccin: la Ciwec clinic.

Mercredi 8 avril

Je me rends donc à l’hôpital. L’infirmière est française! Elle forme deux infirmières népalaises. L’une d’entre elle me fait une piqure indolore. Les filles sont au téléphone sur skype avec un entrepreneur au Cambodge, peut être irons-nous faire une mission là-bas? Cécile et Anne Charlotte ont un rendez-vous avec Artlabs, un collectif qui fait du street art au Népal. Nous aimerions bien qu’ils travaillent avec nous pour le design des produits des femmes... Ils ne sont pas intéressés. Avec Alexandra, nous passons l’après midi au bureau entre interviews et travail. L’ONG est désolée que nous ayons du rentrer à cause de la grève. Ils nous proposent de retourner sur le terrain le lendemain. Seulement, il faut que deux personnes restent car nous avons pris d’autres engagements pour demain. Ce sera finalement Anne Charlotte et moi.

Jeudi 9 avril,

Avec Anne Charlotte réveil à 7h pour aller à WHR. Aujourd’hui nous retournons à Kavre, mais nous ne prenons pas le bus. Nous profitons d’un événement spécifique, une sorte de welcoming party dans le Chhahari de la région. Dans la voiture avec nous, la présidente récemment élue de WHR, leur senior adviser, Anne Charlotte et une volontaire. La route est d’abord la route classique, puis ensuite le chemin devient très bumpy. Nous montons dans la montagne, sur un petit sentier à flanc de roche. Nous passons devant le NamaBuddha, un temple important pour les bouddhiste népalais. A cet endroit, le Buddha a découpé des morceaux de sa chair pour nourrir quelqu’un qui était affamé. La route continue pendant 5 minutes et nous arrivons devant un petit batiment immaculé. Une douzaine de femmes sont regroupées devant l’entrée et nous accueillent avec force sourires. Au fond du jardin, un long batiment en terre battue.

En fait, les groupes de femmes ont obtenu des terres du gouvernement. Elles construisent sur ses terres des bâtiments, les Chhaharis. Ici le Chhahari héberge des vieilles femmes seules gratuitement. En général, le lieu sert aussi de centre de formation pour d’autres veuves du groupe. Ici, ils ont aussi essayé de lancer des cultures, en particuliers des orangers. Malheureusement, comme le terrain est situé tout en haut d’une colline, les cultures ne fonctionnent pas car elles ne sont pas irriguées. Du coup, La cheffe du groupe Daremvi a emprunté 6 lakh, le gouvernement les a aidé à hauteur de 6 lakh pour construire un réservoir d’eau qui sera approvisionné par une pompe. Cela permettra de lancer une coopérative agricole de produits biologiques, ainsi qu’un homestay. Ce programme est supporté par l’organisation des groupes indigènes (Indigenous group organisation)

Pour nous l’objectif est de 1) développer le Homestay. Ils ont une chambre coquette dans le bâtiment principal, nous décidons de la prendre en photo pour la mettre sur airbnb et Homestay.com 2) Nous devons aussi nous renseigner sur les produits qui intéressent Sastodeal: les paniers en plastique recyclé, le miel et le Ghee (beurre clarifié).

Nous réussissons notre premier objectif. Mais quand nous voulons partir voir la production de Ghee, on nous retient: il faut assister à la cérémonie. Un dignitaire local est présent. Nous ne comprenons rien, mais nous sommes remerciés de notre présence. Puis d’un seul coup, ils distribuent des écharpes et mettent un trait de rouge sur le front aux personnes remerciées. Nous ne pouvons pas y échapper. Enfin si, à un moment, la traductrice se retourne vers nous et nous chuchote “Vous devriez y aller, les remerciements ne sont pas près d’être finis”. Nous allons déjeuner d’un super bon Dhal et de légumes. Puis nous partons en direction du village. Le village est un peu sur une crète et à gauche, il y a une vue magnifique sur une vallée. Dans la vallée, on aperçoit des cultures en terrasse. Au loin, Anne Charlotte me montre une montagne enneigée qui est immense, et qui se confond aux nuages, c’est le Mont Ganesh. Sur le chemin, des femmes sont en train de battre le blé pour en garder les grains. Nous rencontrons dans son échoppe une dame qui produit du Ghee. Elle nous en montre deux pots, c’est toute sa production. Cela va être dur de pouvoir fournir un site de E-commerce... Elle nous montre quand même comment elle produit le beurre clarifié, elle prend la peau du lait, la stocke, puis quand elle en a beaucoup elle la met dans un pot et l’agite au moyen d’une mini-fourche. Cela produit cette pâte blanche qui sent un peu fort. Nous pensions lui acheter aussi du miel, mais la traductrice nous explique que nous devons encore marcher. Nous continuons donc dans le village, puis tournons dans un petit sentier qui descend dans la vallée à gauche.

Je commence à m’inquiéter, nous avons promis de revenir au camp de base à 14h pour rentrer en voiture. Il est 13h50. La petite dame qui nous conduit chez elle nous assure que c’est juste à 10 minutes.

30 minutes plus tard, nous avons descendu de nombreuses marches et admiré le paysage, nous voilà chez elle. C’est une belle maison traditionnelle en terre battue. A la fenêtre, sa belle-mère tient un nouveau-né dans ses bras. C’est le fils de 7 mois de Rina, la petite dame qui nous a accompagné chez elle. Elle nous montre d’abord la chambre que nous pouvons mettre sur Homestay.com. Elle n’est pas très lumineuse, mais la maison est vraiment belle. D’ailleurs, son mari est guide de montagne, et ils ont déjà accueillis des étrangers chez eux. C’est sa belle-mère qui nous le dit, nous parlant de “Christine”, “Canada”. C’est elle la “single woman”, elle a perdu son mari. C’est aussi elle qui produit le miel que nous voulons acheter! La ruche est intégrée à la maison, les abeilles y rentrent par 3 trous qui sont visibles sur la facade. Nous lui achetons le fond du pot de miel qu’il lui reste et devons repartir. Elle décide de nous accompagner, car en tant que membre du groupe local de WHR, elle a une formation qui commence. Nous la suivons donc dans la montagne. Elle avance si vite ! Elle est en Sari avec des petites chaussures en plastique mais elle gravit les marches deux à deux. Avec Anne Charlotte et Prena (notre interprète), nous ne pouvons nous empêcher de nous plaindre. Cela la fait rire, elle saute par dessus une petite crevasse. Elle prend même le temps de nous montrer la source d’où le Chhahari va s’approvisionner. Je commence à transpirer à grosse goutte, ce qui a pour effet de faire couler la marque rouge que j’ai sur le front. On dirait une peinture de guerre. Anne Charlotte crache ses poumons. Après avoir coupé à travers champs et avoir gravi une montagne, nous arrivons devant une grande route. Un bus passe, nous sautons dedans. Non loin de là nous retrouvons sur la route la voiture remplie des dirigeantes de WHR courrouçées ! “Vous nous avez fait attendre 30 minutes! Nous sommes fatiguées! Il va y avoir des bouchons à Kathmandu!”. Nous nous confondons en excuses et elles nous pardonnent assez facilement. C’est reparti pour une heure de piste où nous bondissons dans tous les sens. Nous arrivons épuisés à Kathmandu à 16h. Après une petite pause déjeuner de Momos, nous rejoignons Cécile et Alexandra qui ont travaillé de leur côté toute la journée. Cécile a récupéré tous les prix de tous les articles vendus dans la boutique, et les a tous mesurés. Alexandra avait un rendez vous avec le directeur opérationnel d’une chaîne de supermarchés mais il n’a pas été fructueux. Nous nous retrouvons au Green Organic Café, un café bio avec la meilleure connexion internet de toute la ville (j’arrive presque à se connecter à Wix... Et puis finalement ça ne marche pas).

Vendredi 10 avril

Nous avons rendez-vous ce matin chez Sastodeal. Je décide de me rendre préalablement à la piscine de Kathmandu et cette fois j’arrive à nager 750m avant d’avoir trop froid. Nous nous retrouvons devant le bâtiment. Nous rencontrons le big boss, Amun, ainsi que deux employés que nous ne connaissons pas. Nous leur expliquons la production du miel et du ghee. Ils se rendent compte que le volume produit n’est pas assez important. Nous leur montrons ensuite le powerpoint qu’Anne Charlotte et Cécile ont réalisé. Ils sont intéressés par de nombreux produits du Chhahari. Nous avons les prix, mais nous ne savons pas quelle quantité les femmes peuvent produire. Pour ce qui est des produits agricoles, cela semble compliqué car il faudra faire accepter et valider le produit par le ministère de l’agriculture népalais. Une fois le rendez-vous fini, nous repartons pour le bureau, les volontaires vont appeler les femmes dans chacunes des régions pour savoir quels produits elles produisent.

Je dois filer à 16h, car un site internet homestay.com est partant pour un partenariat avec WHR. L’appel est finalement un peu décevant... Mais il sont quand même prêts à faire don à WHR d’une part de leur commission. Ce soir, nous partons pour Nagarkot, un village perdu dans la montagne au nord de Kathmandu. De là bas, nous pourrons peut être apercevoir l’Himalaya! Nous partageons un taxi, et nous arrivons à notre hôtel. Il fait partie de la sélection “Bon Marché” de notre guide, mais il est tout de même beaucoup plus classe que notre hôtel à Kathmandu ! Une sorte de grand chalet de bois, les douches ont l’eau chaude ! Le soir, nous nous retrouvons au restaurant de l’hôtel et dînons un thali set, et même un pain tibétain qui est délicieux (une sorte de pain un peu frit). Nous allons nous coucher pas trop tard, car demain, réveil aux aurores....

Samedi 11 avril

Nous nous réveillons à 5h du matin. Une navette nous attend pour gravir une colline. En haut de la colline, s’élève un poste d’observation. Le ciel est orange et bleu, et il y a beaucoup de nuages. On voit très bien la belle vallée de Nagarkot, on aperçoit tout juste les montagnes au loin. Mais le soleil se lève doucement et on aperçoit un mont très enneigé sur la gauche. Nous apprendrons ensuite que nous n’avons pas vu l’Everest, il est plus loin derrière. Enfin, le soleil se lève, et il est énorme et jaune. Anne Charlotte nous explique que c’est parce que ses rayons traversent plus d’atmosphère qu’il est plus gros (ils sont déviés en quelque sorte). Très vite, une fois que le soleil est complètement levé, nous nous rendons compte que nous avons froid.. Nous redescendons à pied et en voiture à notre hôtel, pour reprendre notre nuit. Quand nous nous réveillons, le soleil est déjà haut dans le ciel. Nous allons faire une ballade depuis l’hôtel dans ce qui s’appelle le “Nature Walk”. Cela nous rappelle Shivapuri, même s’il y a moins de rhododendrons et beaucoup plus de pins. Finalement, cela ressemble pas mal au Sud de la France, les bambous en plus.

Nous regardons le soleil se coucher par la fenêtre. Nous regardons aussi Samsara, un film sur la “boooté” du monde, qui finalement n’est pas si mal. Puis nous regardons Dr Folamour, ou comment j’ai appris à aimer la bombe.

Le soir, nous rencontrons un américain. Jeff est écrivain pour des Comics (Spiderman par exemple) et il écrit pour le show de David Letterman. C’est un cinéphile qui nous pose des colles sur la Nouvelle Vague. Nous lui apprenons le barbu. Il nous propose de profiter du mini-van qui l’emmène à l’aéroport d’où il prendra son vol pour Los Angeles... On saute sur l’occasion! Seul problème, le mini-van part à 7h30. A minuit, il est donc temps d’aller se coucher.

Dimanche 12 avril

Lever à 7h30, et cette fois, pas de retour au lit. Nous lui demandons de nous arrêter à Bakthapur, qui est l’ancienne capitale du Népal (du 12ème au 15ème siècle). Sur le chemin, Alexandra a le mal des transports. Arrivée à Bakthapur, elle ne se sent pas bien et vomit. Nous nous décidons pour une pause et un petit déjeuner léger à l’entrée de la ville historique. Alexandra se sent vraiment fatiguée, elle trouve refuge dans une petite salle toute rose où elle peut faire une sieste. Elle nous enjoint d’aller visiter, et de revenir la chercher avant de partir.

Il faut s’acquitter de 15 dollars pour rentrer sur le site... Nous avions essayé de contourner le paiement mais sommes rappelés à l’ordre.

Durbar Square, la place est pavée et encadrée de beaux bâtiments qui font penser à des pagodes. Tous les bâtiments sont faits de briques rouges et de bois noir. Les sculptures d’éléphants, de tigres ou de guerriers sont massives et grimaçantes. Assez vite, nous décidons d’avancer à l’intérieur de la ville. Contrairement à Kathmandu, qui ressemble un peu à une ville européenne, ici pas de route en goudron, mais des rues pavées de briques où il y a très peu de voitures. On dirait une ville médiévale, mais faite de brique. Dans chaque coin ou recoin, une petite statue ou un petit temple. On croise des femmes lourdement chargées. Elle transportent dans un énorme baluchon qui est accroché à leur tête des brassées de petits pois (avec feuilles, tiges et cosses). A côté des temples, des poules picorent les offrandes. Une chèvre grimpe sur une statue et reste en équilibre pendant 10 secondes, faisant le bonheur des touristes, moi y compris. On a l’impression que l’accès à l’eau est un challenge. A chaque puit, les femmes se relaient pour remplir des bidons. Il en va de même pour les fontaines. Même une fontaine qui libère un mince filet d’eau est mise à contribution.

Nous arrivons sur une autre place dénommée Pottery square. Elle est recouverte de pots en terre cuite qui sont en train de sécher. Dans une cahute, un monsieur fait tourner une grande meule et commence à modeler de la terre glaise. Il la transforme en une amphore ventrue. Quand il recommence le processus, un groupe de touristes allemands s’interpose et le mitraille de photos. Nous continuons la ballade.

Il se fait tard et nous devons retrouver Alexandra. Elle est assoupie sur un matelas. Elle se réveille, nous annonce qu’elle a encore vomi. Anne Charlotte soupçonne que c’est sûrement plus grave qu’un simple mal des transports. Elle va raccompagner Alex à l’hôtel. Je leur donne le nom de l’hôpital où je suis allé au cas où. Cécile et moi devons aller au bureau car il y a un déjeuner d’équipe pour la nouvelle année népalaise (cela va être lundi soir!) et pour remercier les volontaires dont nous faisons partie. Nous arrivons pile à l’heure pour le déjeuner. Nous avons le droit à d’énormes remerciements, cadeaux à la clef. Tout cela est trop par rapport au travail que nous avons fourni (pour l’instant 2 semaines et demi), mais c’est quand même émouvant. Cela nous rebooste à fond. Nous partons du bureau car je me sens fatigué et dois me faire vacciner une seconde fois contre la rage. Sur le chemin du retour, nous recevons un email d’Anne Charlotte “Alex vient de se faire hospitaliser à la clinique CIWEC. Juste après que vous soyez partis, elle a à nouveau vomi, mais du sang cette fois. Du coup, le taxi nous a emmenés à la clinique. Et Alex s’est évanoui à la réception. Les médecins pensent qu’elle fait une grosse intoxication alimentaire (ou qu’elle a une bactérie intestinale). Du coup, ils veulent la garder en observation cette nuit.”

Nous retrouvons Alexandra, une perfusion dans le bras, mais réveillée et finalement assez en forme. Nous appelons son assurance et nous nous servons de mon portable pour appeler ses parents qui sont inquiets. Nous passons une heure ensemble à la veiller sur l’autre lit dans la chambre d’hôpital. J’écris mes mémoires, Anne Charlotte joue à Candy Crush et Cécile dort. Il faut aussi gérer l’assurance et nous apprenons que au total cela devrait coûter 1500 dollars. Nous paniquons un peu, mais en fait c’est normal et c’est l’assurance qui devra payer.

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