Arrivée en Inde:
J’arrive par les airs à Chennai (Madras). Cette ville est décriée par les guides touristiques, nous n’y passerons avec Cécile qu’une nuit avant de partir à 18h pour Pondicherry.
Le vol depuis Colombo prenant moins de temps que depuis Manille, je suis le premier arrivé. Après un voyage en train avec un québecoise installée depuis 4 mois dans la ville je suis content de ne pas passer plus de temps dans cette ville. Elle apprécie passer du temps dans les villages alentours, mais n’aime pas Chennai outre mesure. Elle trouve la ville polluée (quelle grosse ville du Sud n’est pas polluée? Et puis Paris l’est aussi), mais surtout elle dit que la ville est “prude”, beaucoup moins détendue que le reste du Sud de l’Inde (que le Kerala). Elle prend pour exemple le rapport à l’alcool, celui-ci est surtaxé (70%) et interdit à la vente ailleurs que dans les grands hotels. En conséquence, il est soit très cher de sortir boire un verre, soit dangereux. Les endroits “clandestins”où boire sont apparemment risqués pour une jeune femme.
Mais dans notre hôtel (pas si miteux que cela), la première chose que l’on me propose une fois arrivé à ma chambre : une bière ! Je refuse, me limitant à l’eau pour l’instant. En attendant Cécile, je tente la “streetfood”, qui se révèle être du “fried rice” (le plat le plus international: du riz frit avec des légumes). Je retourne à l’hôtel et travaille jusque minuit !
Le lendemain, nous sortons à la recherche d’un restaurant cité dans le guide pour ses Masala Dosai. Une grande salle aérée par des ventilateurs qui brassent des effluves d’épices nous attend. Nous dégustons des thali (ou meals). Cela consiste en une accumulation de petits plats qui ressemblent souvent à du dhal, mais parfois avec du yaourt, ou des tomates, et des chutney. Tout ceci à volonté... Dans l’ambition de ne pas perdre de poids en Inde, je mange comme quatre. Nous marchons ensuite dans la rue, étals de fleurs, autorickshaw klaxonnant, il fait très très chaud dans une rue indienne. Nous notons la moindre présence des femmes dans l’espace public. Direction un endroit recommandé par le routard comme un “salon de thé/centre commercial niché au milieu de la verdure”. Nous nous retrouvons au “Bon Marché” indien. Les vêtements sont superbes, les bijoux un peu bling-bling mais beaux. Tout cela très cher. Nous nous décidons plutôt pour un cheesecake ! Histoire de prendre des forces avant notre train pour Pondicherry. Le train est climatisé, nous sommes en CC (Climatized Chair= nous sommes assis dans des fauteuils).
Nous arrivons à Pondicherry tard dans la soirée, et nous rallions notre hôtel: Natura Ashram. Nous sommes accueillis par Nat’, gérant de l’Ashram. Quand nous lui demandons ce que signifie Ashram, il nous répond “une communauté”. Et quand je monte sur le rooftop pour lui demander les clefs après que nous ayions mangé un peu de street food, il me répond “Relaaax mec, installe toi ..” Il nous fait finalement bien rire. Notre chambre est propre et sommaire. Nous dormons facilement et le lendemain matin, nous empruntons les vélos mis à disposition par l’Ashram. En effet, ils sont un tout petit peu excentrés du quartier historique.
Le quartier historique de Pondicherry est divisé en 2: le quartier français, avec de grandes batisses blanches, et le quartier Tamoul (Indien, Tamoul est l’adjectif pour les habitants du Tamil Nadu, la région dans laquelle est située Pondicherry). Nous visitons un autre Ashram, qui à l’air d’être une véritable entreprise. L’ashram est si florissant qu’il rachète beaucoup de maisons du quartier français qu’il repeint en gris. Nous nous baladons donc en vélo parmi les belles maisons blanches à la recherche du gris. C’est un véritable Monopoly! Nous nous arrêtons devant les signes de la présence française: Consulat français et ses belles colonnes, Lycée Français et lorsque nous demandons notre chemin en anglais à un habitante, celle-ci nous répond d’un français parfait avec un léger accent bourge “c’est au bout de la rue, juste là-bas !”. Il est très agréable de pédaler ici, nous nous arrêtons à notre convenance, dans une église catholique tarte à la crème, dans un magasin pour acheter des cartes postales, ou dans une bonne boulangerie ! Puis nous nous baladons aussi dans le quartier musulman, qui est très beau, plein de couleurs, mais plus classique (indien je veux dire). La cathédrale vaut tout de même le détour, une messe a lieu. Les femmes sont à droite, les hommes à gauche, le prêtre ressemble à un évèque. Un peu fatigués en fin d’après midi, nous nous arrêtons dans un parc (dans lequel se trouve un mini- Arc de Triomphe). Le soir se couche, il fait plus frais mais nous entendons les basses d’une musique assez fort non loin du parc. Nous sortons du parc, et trouvons une petite foule amassée sur une place surplombée par le phare de Pondicherry. Une scène, et un écriteau: “du 27 février au 1er avril, Festival de musique FREEDOM JAM de Pondicherry” Nous sommes le 28 ! Nous nous installons, et commence alors une heure de concert de “World Electro Fusion” par Sri Mahesh Vinayakram. Il a enregistré des chanteurs sénégalais et fait un peu d’impro... C’est vraiment pas mal. En attendant l’autre artiste, nous décidons de faire un petit tour du festival. Il y a une exposition d’artistes indiens. C’est beaucoup de peintures moyennes, mais il y a quelques tuktuks déformés à la Dali qui retiennent notre attention.
Ensuite, prochain artiste, un groupe de musique Tamoul, du Tamil Folk.
Nous allons nous restaurer auprès des milles petites gargotes qui sont alignées sur 3 rangées. Le lieu est rempli aussi de petites charioles de fête foraine, avec du tir sur ballon. Nous mangeons des Pani Puri, des petits soufflés frits qu’il faut remplir de sauce, puis nous prenons un maïs rôti et quelques petits gateaux (pas bons par contre). Le dernier artiste est reggae raggamuffin, et voici qu’arrive un rasta indien “King Muffin”! Il parle avec l’accent jamaïcain et ça me fait sourire. Ces chansons par contre sont un peu édulcorée et quand il enjoint tout le monde à “se mettre debout et danser!”, peu de personnes obtempèrent. Nous rentrons tranquillement en vélo à notre Ashram, après quelques frayeurs sur la route (deux scooters qui doublent simultanément à droite et à gauche, un bus qui en croise un autre en maintenant le klaxon). A notre arrivée à l’Ashram, mon portable a disparu de ma poche. Je n’arriverai pas à savoir, mais pencherai plutôt pour un petit vol dans la foule du festival.
1er mars
Lever aux aurores, ce matin nous avons cours de ... Yoga ! Notre professeur arrive à 7h, et nous nous retrouvons sur le toit de l’Ashram sur des nattes de paille. Il nous fait prendre une première position, j’y arrive (à genoux seulement..), puis il faut enchaîner sur une autre, ok. Mais la troisième position, faire un pont avec son corps genoux pliés... Je n’y arrive pas. Comme nous ne sommes que tous les deux avec lui, nous essayons de le faire sérieusement. Je n’aurai pas pu faire cela sans rire à plus de 2. Un exemple: nous devons boucher une narine, puis inspirer, puis boucher l’autre et expirer. C’est censé être incroyable pour nous soigner de tout. Toutefois, il faut reconnaître qu’il va à notre rythme. Au bout d’un moment (il va bientôt être 9h), il affirme même que ce ne sont pas de bonnes conditions pour faire du yoga : les nattes nous font mal au pieds et aux fesses, et le soleil commence à taper. Il a tout de même été très patient et très explicatif. Je décide de me rendre au poste de police situé à côté de l’Ashram. Ils écoutent mes complaintes mais ne peuvent enregistrer ma plainte. L’endroit où je me suis fait voler/perdu mon portable ne dépend pas de leur juridiction. Ils m’expliquent qu’un poste de police situé tout près du phare s’occupe des plaintes des touristes.
Nous décidons alors d’aller en ville en Rickshaw et que nous marcherons dans la ville. Nous allons au front de mer, pour déjeuner d’abord, dans un restaurant où la nourriture est délicieuse ! Nous croisons un Français qui vit à Pondicherry pour qui c’est le meilleur resto de la ville. Nous allons aussi au poste de police situé près de la mer qui est censé être dédié aux touristes. Ils affirment ne pas pouvoir saisir ma plainte et que nous devons aller au poste de police situé à côté du Main Bazaar (Marché principal). Nous décidons quasiment d’abandonner. Cécile cherche un pantalon, et le Bazaar est apparemment intéressant à voir. Nous traversons donc le Bazaar, divisé en deux entre légumes et fleurs. Le marché au légume est assez classique, mais le marché au fleur est saississant. Il y a une bonne odeur, et des couleurs, rose, jaune orange ou rouge. Les marchands confectionnent des colliers de fleurs. Nous achetons dans un petit magasin des points à placer entre les sourcils (pour des box!) puis direction le poste de police.
Nous sommes accueillis par une demi-douzaine de policiers, serrés dans une petite salle dont l’air surchauffé est mis en mouvement par un petit ventilateur. Ils lisent le journal. L’un d’entre eux s’agite un peu à notre arrivée. Il sort un grand cahier, un stylo et me demande de décliner mon identité, l’identité de mon père, les circonstances du vol, mon numéro de portable, moyen de me joindre, adresse, d’où je viens, où je vais... Finalement, il nous précise que pour déposer une plainte, la présence du commissaire général est nécessaire. Or celui-ci ne sera là qu’à 18h. Nous décidons de ne plus s’embêter pour une plainte qui ne mènera à rien. Cécile trouve un pantalon confectionné à Auroville, communauté non loin de Pondicherry (il est très classe!). Le soir, nous allons à l’Alliance Française qui dans le cadre du festival a organisé un spectacle de mime ainsi qu’un duo de Jazz. Une fois le duo fini, nous retournons sous le phare apprécier un groupe de musique Tamoule, suivi d’un quatuor de Blues-Jazz. Une québecoise (Manon ...) fait le show et impressionne tous les Pondicherriens dans l’assistance. Une fois le concert fini, nous retournons au “meilleur restaurant de Pondicherry”, où rentre une fois que nous sommes attablés la star Manon ! Nous rentrons tranquillement à notre Ashram, nous partons le lendemain à 14h pour Madurai
2 mars,
C’est le jour du départ de Pondicherry, nous sommes un peu tristes de quitter la ville. Le matin, je cherche un remplaçant pour mon téléphone. Il va être compliqué d’en acheter un de seconde main, je vais devoir en acheter un neuf.
Nous devons rejoindre Villapuram, car les trains pour Madurai ne partent pas de Pondicherry. Nous prenons donc un bus pour Villapuram, pour vivre l’expérience la plus traumatisante de nos 10 jours en Inde. Le trajet en bus, avec un chauffeur qui appuie sans cesse sur l’accélérateur pour pouvoir doubler tout véhicule en travers de son chemin sans considération pour notre sécurité. Nous sortons de cette heure de bus complètement vaccinés contre ce moyen de transport... Ce sera train pour le reste du voyage. Nous nous retrouvons encore en CC, et c’est l’occasion de finaliser le rapport StarShea en français avec les dernières remarques de Cécile !
Nous arrivons à Madurai vers 22h, trouvons notre hotel qui est assez central et allons manger un très bon Dosa dans un restaurant du coin. On peut apercevoir au loin une des tours colorées qui forment le temple de Madurai. C’est la principale chose à voir à Madurai.
3 mars
Aujourd’hui, nous ne faisons pas de grasse matinée, nous n’avons pas de billet de train pour partir de MaduraÏ, il nous reste une dernière issue: Taktal. Le train pour Kochi est plein. Mais, le système indien conserve quelques places pour les malchanceux comme nous, et elles peuvent être prises le jour précédent à 10h du matin. Le soir auparavant quand nous en avons parlé à la réception, ils nous ont ri au nez en nous disant qu’il y avait 2h d’attente, qu’il fallait y aller à 8h. Bon nous réussissons à partir de l’hotel à 9h. Nous partons en trombe pour la gare, y arrivons et commençons à discuter avec des locaux de la meilleure méthode pour arriver à être les premiers de la file. En fait, il n’y a pas de file. Nous ne comprenons pas où les gens sont censés faire la queue... Si, un indien nous enjoints à nous assoir à sa suite, nous sommes les 10èmes d’une rangée de siège au fond de la salle. A 9h30, la cheffe de la station sort de son bureau, et demande à la file (désormais 12 personnes) de se mettre à l’extérieure. Elle va attribuer à chacun un guichet et un ordre de passage. En effet, pour Taktal, toute l’Inde (et même sur internet) est en compétition pour obtenir des tickets... Un nom de ville tapé trop lentement et c’est rapé ! On a l’impression que tous les cheminots-vendeurs sont tous préparés... Nous sommes 2èmes pour le guichet 2. Il est 10H ! La cheminote pianote vitesse grand V sur son clavier, et obtient le billet de la personne devant nous. C’est notre tour... Elle tape frénétiquement. Nous sommes 1er sur la liste d’attente: nous n’avons pas de place ! Nous sommes si déçus que je m’exclame “Shit” (Merde). Elle nous rappelle à son bureau, retapote frénétiquement. Elle nous a obtenu une place. Comment a-t-elle réussi? Elle nous révèle qu’elle a rentré la gare suivante après Maduraï ! Nous faisons une petite danse de la joie et allons prendre un petit déjeuner: un dosa, la super crèpe. Nous allons rechercher internet à travers la ville pour préparer des interviews à Bengalore.
Le grand temple ouvre à 16h, nous décidons de faire l’ouverture du temple. Et là c’est une vraie explosion. A l’extérieur les énormes tours multicolores, puis dans l’enceinte, le temple aux milles colonnes. Un éléphant dans un coin, des milliers de statues dansantes et recouvertes de ghee (beurre liquéfié). Puis d’un seul coup, un énorme bruit de conche “Poooooon”, suivi par d’autres braiements. Arrive un boeuf, les cornes ornées d’or et richement habillé, suivi par l’éléphant. Puis 6 hommes portent à bout de bras une grosse statue dorée, ils transpirent déjà. Puis à leur suite, une demi-douzaine de fidèles qui se pressent. Il y a la famille qui transporte un nouveau-né, la vieille dame qui boîte un peu, le jeune couple amoureux. Puis nous continuons notre exploration du temple, mais nous serons interrompus au moins 3 fois par cette procession folle. Et puis, dans les coins, il y a des familles qui allument un coupole d’huile devant un petit autel. Le temple comprend aussi un bassin purificateur, d’autres statues, des parties interdites aux non-hindous que nous sommes, un musée et une myriade de petites boutiques vendant des bondieuseries.
Nous sortons du temple, et allons dans un autre temple qui a été “banalisé” c’est maintenant un marché où se vendent principalement des tissus et des bijoux en toc. Nous y allons aussi dans un objectif précis: pour Cécile, faire recoudre son pantalon, et dans mon cas réparer mon sac à dos. Nous arrivons devant les couturiers et leurs machines à coudre. Ils sont situés sous de belles statues hindoues, à la sortie du temple. Ils se lancent dans leur travail, et nous allons faire un tour. A notre retour, tout est bien cousu.
4 mars
C’est le jour du départ de Madurai, nous prenons le train à 16h30 pour Kochi. Dans le train, je finis de rédiger mes souvenirs du Sri Lanka. C’est une histoire sans fin, heureusement que le train ne va pas trop vite et me laisse le temps d’écrire ce qu’il m’arrive car ce que m’a dit Cécile sur l’idée de “vivre ce qu’il se passe et ne pas perdre de temps à l’écrire” est vrai. J’avais beaucoup de temps au Ghana car nous habitions dans une zone reculée et que les activités étaient rares le soir, entre jeu de carte et film. Maintenant, c’est temple, restaurant à 3 euros et ballades dans les différents quartiers (et festivals de musique).
Nous arrivons à Kochi à 3 heures du matin. Plus précisément nous arrivons dans une gare excentrée, et il nous faut prendre un autorickshaw. Nous n’avons toujours pas de téléphones, et lui non plus et nous n’arrivons pas à trouver notre homestay (hôtel chez l’habitant). Nous tournons pendant 30 minutes avant de trouver un habitant qui nous prête son portable. Nous étions à 30 mêtres du homestay...
5 mars
Nous habitons dans ce qui s’appelle Fort Kochi, mais nulle trace de fort aux alentours. Il s’agit d’une presqu’île qui a été occuppée successivement par les Portugais, puis les Hollandais et finalement les Anglais.
Nous décidons d’aller visiter le Dutch Palace, il s’agit d’un palais construit pour le gouverneur hollandais et qui a été offert aux rois de Cochin. Cécile me fait remarquer la proximité de son entre Cochin et Cochinchine (j’ajouterai Chinchilla). C’est un très bel endroit, avec une remarquable fresque et pour la première fois une muséographie très efficace: on comprend bien ce qu’il s’est passé à Cochin, et la vie des rois de cette partie du Kerala. En sortant, nous traversons une rue que le Lonely Planet qualifierait de BackPackistan: les mêmes produits que l’on retrouve partout (pantalon éléphant, paréos multicolores et cartes postales). Elle mène à la synagogue de Cochin. Cochin abrite en effet une petite communauté juive (15 personnes selon le routard). Malheureusement, elle est fermée. Nous sommes un peu déçus, mais sur notre droite, un espace d’exposition détonne au milieu de “Backpackistan” par la simplicité de son entrée. Nous rentrons et y découvrons des oeuvres d’art contemporain indiennes intéressantes. Des photos d’habitants de Cochin lorsqu’arrive la Mousson. Ils sont tous serrés et condamnés à rester à l’intérieur et cela se voit sur leurs visages. Le guide/gardien s’approche de nous et nous explique que l’exposition fait partie de la Biennale de Kochi, qui est la première et seule biennale indienne d’art contemporain. Elle a commencé il y a deux ans, et il nous fournit une carte reprenant tous les sites où elle a lieu. Ils sont inombrables. Nous repérons que près de nous se trouvent tous les sites “Students Biennale”, qui expose les oeuvres de jeunes artistes d’écoles d’art indiennes. Nous allons donc passer notre après midi à faire une chasse au trésor des lieux de la Biennale. Les oeuvres sont inégales, mais elles nous donnent une bonne vision des enjeux de la jeunesse indienne. Certaines oeuvres nous plaisent beaucoup toutefois. L’une d’entre elle représente des mots écrits en Hindi au mur en rouge et reliés entre eux par de la laine rouge. Devant cet assemblage de mots, un pupitre avec un petit carnet qui est en fait un petit dictionnaire des insultes indiennes. En fait, les mots écrits au mur sont des insultes. Les insultes sont toutes basées sur la sexualité et le rapport au sexe et au genre. Ainsi, l’insulte “Homme qui baise ta soeur” en cotoie des vertes et des pas mûres. Pour l’artiste il s’agit de dénoncer les préjugés de genre qui sont très forts en Inde et dont les insultes sont un indicateurs.
Nous décidons de louer des vélos, et nous partons direction le front de mer après avoir vu tant d’oeuvres que l’on ne peut plus réfléchir ou regarder. Nous observons les photogéniques “Chinese Fishing Nets”, de grands filets de pêche activés par un contrepoid.
(Ci-dessus: provenance des visiteurs de l'exposition)
(Ci dessus: dessin représentant les différents condiments d'un thali (déjeuner), qu'on mange parfois sur une feuille de bananier!)
(Ci-dessus: oeuvres de la Student's Biennale)
6 mars
Aujourd’hui, nous allons passer toute la journée dans le coeur de la biennale, un grand bâtiment devenu un immense espace d’exposition. C’est bête à dire, mais on voit ici que ce sont des artistes internationaux triés sur le volet. Les oeuvres sont souvent justes et toujours surprenantes. Il y a un vortex d’eau créé par Anish Kapoor. Il y a aussi un Atlas des îles qui vont disparaître en 2107. Je suis hypnotisé par un film réalisé par un Albanais nommé The Column, qui suit la fabrication d’une colonne par des ouvriers chinois dans un bateau. Artiste à suivre, il faudrait que je retrouve le nom. Il y a aussi des oeuvres auxquelles nous ne comprenons rien.
Finalement, les artistes parlent beaucoup de leur passé, de la technologie et de l’environnement. Il fait si chaud par contre, nous suons à grosse gouttes. Mais 15h arrive et c’est l’heure de prendre le bus pour se rendre dans une nouvelle ville: Allepey !
Le bus prend à peu près deux heures. Cécile a trouvé une place dans les sièges réservés aux femmes, mais pour moi, ce sera voyage debout pendant la première heure. Nous arrivons à la gare routière d’Allepey quand explose un énorme orage. Il pleut énormément et nous attendons une vingtaine de minutes. La pluie diminue d’intensité et nous nous décidons à sortir, Cécile dans sa veste orange et moi dans son “poncho-sac-poubelle” qui fait de moi un bibendum ! Mais j’en sors sec. Nous passons la soirée à notre guesthouse: Lemon Dew.
(Ci-dessus: oeuvre vidéo représentant des ouvriers qui doivent, toutes les minutes, "changer l'heure" en assemblant des planches de bois)
7 mars
Ce matin, c’est le début de l’aventure ! Nous avons reservé un canoé et nous avons rendez-vous à 10H sur un ponton pour 24h dans les backwaters. En gros, cette région du Kerala est remplie d’eau et est parcourue par d’innombrables caneaux. On l’appelle même la Venise du Kerala (cela ressemble plutôt à un mélange entre Venise et l’Amazonie...). A 10h30, arrive notre embarcation. C’est plutôt un bateau traditionnel avec un petit toit qu’un canoë. A l’arrière, un Keralais rame doucement et rigole en nous voyant. Nous sautons dans le bateau, et nous allons ramer avec lui toute la journée ! Il fait chaud mais nous sommes bien abrités. Nous ramons, moi à droite et lui à gauche et inversement. Sur notre chemin, nous croisons des femmes en train de battre leur linge, un pécheur de palourde descend à 3m de fond. Nous sommes aussi dans un endroit touristique: un immense panneau sur un des bords du canal vante une marque de bijoux. Des énormes maisons flottantes nous dépassent dans un fumet de gasoil. Heureusement, nous tournons dans un canal perpendiculaire, trop petit pour les maisons flottantes. Ici, des pécheurs, des pécheuses (pécheur au féminin?), des hommes qui remblaient le bord du canal avec un bateau rempli de terre. Au bord, des petites maisons calmes, et au loin, des rizières, des cocotiers. Nous passons la matinée à pagayer, puis arrivons à la maison du pagayeur. Il accueille 10 autres touristes et nous déjeunons chez lui. Nous sommes les seuls à passer la nuit dans sa maison. Nous repartons sur le canoë à 16h , et ceci jusqu’au coucher du soleil. De retour à sa maison au bord de l’eau, nous voulons faire un petit tour dans le voisinage. Certains enfants du quartier nous arrêtent et nous demandent un “school pen”. D’autres sont en train de jouer au cricket. Ils nous proposent de jouer avec eux: c’est l’occasion de comprendre les règles bizarres de ce jeu. Nous rentrons à la maison, faisons un petit bac en anglais avec les filles de notre hôte, dinons et regardons un bollywood qui passe à la télé avec eux. La petite fille de la maison est très enthousiaste et veux nous montrer son émission préférée: un concours de danse télévisé. C’est pas mal. Toutefois à 22h nous tombons de fatigue. Nous dormons bien.
8 mars:
Réveil à 7h du matin, petit déjeuner fait de petites galettes de riz (idli) et de curry ! Puis nous allons bénéficier de la fraicheur matinale sur les caneaux. Nous retournons à Allepey sur les coups de 10h. Un autre couple nous attend sur la berge, c’est à eux de vivre la petite venise. Pour nous, c’est nettoyage des vêtements sales. Puis l’après-midi, nous prenons un bus pour la plage de Marrari. La plage est très belle mais le courant est trop fort... Nous nous baignons très près du bord. C’est dimanche, les indiens sont nombreux à se balader le long de la plage, ils mangent des glaces mais peu se baignent.
9 mars:
Ce matin, nous décidons de travailler. Nous croisons une française très sympa prénommée Françoise. Elle est très versée dans les expériences spirituelles. Elle a passé sa matinée dans un centre ayurveda (centre de médecine traditionnelle). Elle nous conseille de faire un traitement où un filet d’huile chaude s’écoule sur le front pendant 40 minutes. Nous décidons de tester le traitement. C’est censé permettre une plus grande concentration et un meilleur sommeil. Ce soir nous prenons le train pour Bengalore, alors pourquoi pas ! C’est assez agréable, même si l’huile est parfois trop chaude. Nous sortons de là les cheveux gras, assez relaxés. C’est l’heure du départ.
10 mars:
Nous arrivons à 8h30 à Bengalore, et un premier entretien nous attend à 10h. Nous sautons dans un taxi, direction Pollynate energy, un social business d’énergie solaire. Cat, jeune australienne dynamique qui fait partie de l’entreprise sociale est très sympathique, l’entretien est très intéressant et elle nous propose de nous doucher dans leurs locaux ! Nous sautons sur l’occasion.
Nous avons en effet un entretien dans 1h à un autre endroit de la ville et nous ne nous sentons pas très frais. Nous arrivons dans les locaux de Sevamob, un service de cliniques mobiles pour les populations en difficulté. Puis nous nous rendons à notre hôtel. Après une courte sieste, nous avons un dernier rendez-vous dans l’après midi: c’est Tern Up, qui ont inventé un testeur de la qualité de l’eau (teneur en fluoride). Le soir, nous ne sommes pas si fatigués que nous le pensions, et je pars en quête d’un smartphone. L’épisode est assez comique. J’avais trouvé sur internet une liste de téléphones que je souhaitais acheter. Ils n’ont que 2 téléphones sur la liste de 10 que je leur tends. J’hésite entre Nokia et un téléphone local, Lava ou Mediamax. Puis je me rends dans une deuxième, et une troisième boutique. Mon opinion a évolué, mon choix s’affine et je finis par acheter un Sony... Nous essayons de négocier, obtenons une petite réduction. J’achète d’office un étui pour ce nouveau compagnon de route. Le soir, nous partons à la visite de Bengalore. La ville a un petit centre où de grands immeubles regorgent de petits bars. Malheureusement, c’est un soir de semaine, et l’ambiance n’est pas au rendez-vous.
Nous avons beaucoup aimé Bengalore, qui est moins congestionnée que ce à quoi nous nous attendions. Et les autorickshaw acceptent de mettre le compteur (cela n’a pas de prix !).
11 mars:
C’est le jour du voyage pour GOA. Nous partons à 14h30, et nous allons arriver à 4h du matin à Margaon, qui est la ville où se situe la gare centrale.
12 mars:
Nous prenons ensuite un taxi à 5h du matin en direction de Panjim, qui est la plus grande ville de l’état de Goa. Notre guesthouse est très bien placée, non-loin du quartier historique portugais et de la station de bus.
Une photo de la cathédrale de Panjim au petit matin:
Après une petite sieste, nous prenons deux bus, qui nous conduisent sur la plage de Vagator. C’est un peu une déception car le sable de la plage est gris, et on ne peut pas faire abstraction du boum-boum techno qui émane d’un restaurant au loin. L’eau est toutefois moins dangereuse, nous pouvons batifoler dans les vagues. Tout ceci sous le regard de 4 ou 5 vaches qui paressent au bord de l’eau.
Après 1h30 de bus, nous retrouvons Panjim city. Nous dînons dans un bon restaurant des coques au vin blanc et du calamar au beurre et ail. C’est délicieux ! Nous commandons un autre panier de pain pour saucer nos plats. On profite de l’héritage portugais dans la ville.
Vendredi 13 mars:
Nous avons récupéré de notre fatigue. Nous décidons de passer la matinée à travailler... Nous avons trouvé un café wifi.. Nous y restons finalement jusque 15h car un problème se présente pour notre mission à venir à Mumbai, et c’est le dernier jour pour en discuter avec les organisateurs. Nous visitons ensuite le vieux quartier portugais qui est très agréable.
Cécile y reconnait un vieux quartier de Lisbonne. Moi j’apprécie la tranquillité des rues ombragées. Nous visitons aussi le Panjim indien, où ont lieu des préparatifs pour un festival qui aura lieu le lendemain. Les goanais peignent de grands chars qui feront une belle procession demain. Nous buvons un verre dans le vieux quartier.
Samedi 14 mars:
C’est le dernier jour de nos vacances. Il faut que nous allions voir ce que l’on appelle “Old Goa”, la “Vieille Goa”. C’est l’ancienne capitale du comptoir portugais, mais elle a été dévastée par la malaria et le choléra.
En fait, en place d’une ville il ne reste qu’un parc d’où émergent 4 gigantesques monuments catholiques: une cathédrale, une église, une basilique et une chapelle. Tout le reste a été rasé, et les pierres récupérées pour construire les villages environnants. Les églises sont très belles, vides. Leurs murs sont blancs et les intérieurs recouverts de belles peintures ou de retables en bois. On entraperçoit les restes de Saint François Xavier, sous le crépitement des flashs des touristes indiens. Ils n’étaient pas là le matin, nous étions tranquilles, et d’un seul coup c’est la cohue. Nous leur abandonnons Old Goa et retournons à Panjim.
Nous réunissons nos affaires avant le dernier voyage en train qui nous emmène à Bombay ! C’est le début d’une nouvelle aventure que nous vous raconterons bientôt !