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Plush & Play, des jouets philippins à fort impact social

Pour plus d'infos:

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Pendant nos deux jours passés à la Ferme Enchantée de Gawad Kalinga, à Angat, Philippines, nous avons pu rencontrer le fondateur d’une entreprise sociale prometteuse : Plush & Play!

Plush & Play a été créée en octobre 2012 par Fabien Courteille, ancien stagiaire de la Ferme de Gawad Kalinga (« GK »). La plus grande ONG des Philippines, connue pour son expertise et efficacité dans l’aide humanitaire d’urgence (typhons), la mobilisation de volontaires, la construction de logements et pour son immense réseau dans les communautés philippines, a aussi son incubateur d’entreprises sociales à la Ferme Enchantée (du nom du quartier où elle est située, Encanto). A la Ferme cohabitent communautés GK (familles philippines s’étant portées volontaires pour acquérir un logement gratuit dans la Ferme, en échange d’heures de travail – principalement dans l’agriculture), entrepreneurs sociaux et volontaires. La plupart des entreprises sociales incubées par GK sont des agri-businesses, se servant des ressources de la Ferme pour leurs produits (cosmétiques, miel, champignons, glaces, boissons végétales…). Plush & Play a elle décidé de mobiliser les compétences des anciennes couturières de la communauté, ayant abandonné leur métier faute de travail, pour fabriquer de sympathiques peluches en forme de fruits et légumes (on reste à la ferme!). Avec des résultats impressionnants : dans les trois premiers mois de commercialisation, Fabien a vendu 1 500 peluches. Aujourd’hui Plush & Play a un chiffre d’affaires de 3 millions de pesos (60 000 euros) et a vendu plus de 50 000 peluches depuis deux ans.

Les débuts : mobiliser les couturières des communautés GK

Depuis son premier stage chez GK, Fabien vit dans la communauté avec les familles. A l’époque, il avait remarqué que beaucoup de femmes avaient une expérience dans la couture, mais qu’il y a 5-10 années elles avaient toutes perdu leur emploi. A présent elles travaillaient à la ferme, ou bien étaient femmes au foyer. Pourquoi ne pas associer les compétences de Fabien (master de commerce à Grenoble) et les leurs pour créer quelque chose? C’est ainsi qu’est née Plush & Play, entreprise de fabrication de peluches et de jouets pour enfants.

Les produits :

Plush & Play vend une large gamme de peluches, toutes en forme de fruits ou de légumes. Evidemment pas de poire ou de mandarine à l’horizon, mais des ananas, piments, noix de coco ou mangoustans exotiques… Elles sont toutes imaginées et dessinées par Fabien, parfois avec l’aide de professeurs de maternelle. Les peluches possèdent chacune un nom faisant référence à une célébrité philippine : exemple la peluche tomate se nomme Anne Kamatis (Kamatis = tomate) en référence à la mannequin Anne Curtis. Dans un pays qui importe tout et manque d’entrepreneurs pour lancer des produits nationaux, Fabien veut « influencer les consommateurs, qu’ils n’aient pas que des produits qui ne viennent que de Chine, qui ont des yeux en plastiques que les gamins peuvent avaler », et « créer une génération de jeunes philippins qui jouent avec des jouets philippins ». Pour l’instant, les matériaux de base sont importés de Chine, mais à terme, Fabien veut atteindre un nombre de ventes suffisant pour attirer des investissements dans une filière du coton philippine ou, mieux, dans le développement de la fibre d’ananas…

Outre les peluches fruits et légumes destinées aux petits Philippins, Plush & Play produit également des mascottes et des peluches à la demande. 70% du chiffre d’affaires est ainsi réalisé grâce aux ventes aux entreprises, qui commandent ces cadeaux. L’atout de Plush & Play ? Une grande flexibilité dans la customisation, une réputation solide due à GK et à la qualité irréprochable des jouets, des livraisons en temps et en heure, et des prix relativement bas.

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Impact sur les employées et la famille:

Plush & Play emploie 25 personnes de la communauté.

Le premier impact direct sur les couturières est un impact économique: auparavant, elles gagnaient en moyenne de 200 à 300 pesos par semaine (4 à 6 euros) en travaillant à la ferme. En cousant pour Plush & Play, elles gagnent à présent environ 2000 pesos par semaine (40 euros). Ces revenus additionnels se répercutent sur leurs dépenses au sein du foyer : nourriture, habitat, éducation…

Fabien vit avec les familles et ressent l’impact de son entreprise sur elles et sur la communauté : les enfants vont tous à l’école, sont bien nourris. Selon Fabien, « l’épanouissement personnel et professionnel est visible. Les femmes font les démonstrations aux visiteurs, la vente et sont impliquées dans les décisions de l’entreprise. » Il a en outre mis en place un système d’assurance santé pour les familles.

Le travail chez Plush & Play se divise en plusieurs tâches : la découpe, la couture, le stuffing (rembourrage), et le stitching (finition à la main). Elles viennent à l’atelier pour utiliser les machines à coudre, mais elles peuvent très bien réaliser d’autres tâches chez elles, comme le stuffing ou le stitching. Ceci leur permet de rester avec leurs enfants pendant la journée par exemple.

Un autre impact important est l’équilibre du foyer, au niveau financier, décisionnel… Les maris sont d’ailleurs tous bienveillants à l’égard de Plush & Play : Fabien, avant de démarrer le projet, jouaient au basket avec les hommes de la communauté, et a créé des liens. Maintenant ils l’aident à porter les sacs de stuffing, ils aident même parfois leurs femmes à réaliser certaines tâches quand elles ne peuvent pas les assurer.

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Perspectives:

Pour croître, Plush & Play doit conclure des partenariats avec des grands magasins de jouets. Le tout nouveau partenariat avec Toy Kingdom pourrait propulser les ventes.

Sur le plus long-terme, Fabien espère pouvoir développer des peluches en fibre d’ananas (« On est à la ferme enchantée, il faut utiliser des légumes ! ») ; ceci nécessitera de la recherche & développement, car pour l’instant cette fibre ne s’utilise que pour des étoffes très rigides. Autres projets du moment: développer des dessins animés et des jeux vidéos 100% philippins. Aux Philippines, ce ne sont pas les compétences en animation qui manquent: beaucoup de films des plus grandes firmes d’animation (Pixar, Dreamworks) sont réalisés aux Philippines. Mais sans capital ni culture entrepreneuriale, aucune création philippine ne voit le jour. A Plush & Play de montrer la voie !

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