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Kpugi

Arrivée à Kpugi !

Réveil à 7h du matin dimanche pour aller acheter des billets pour le bus de 13H. Retour puis sieste à la maison, avant de repartir à 12h pour le bus. Soleil de plomb, il fait très chaud dans le bus.

Etonnemment : contrairement à l’avion pour Tamale, ici nous avons des places attribuées. Le chemin est très bumpy ! Nous qui voulions dormir, nous observons le paysage du nord du Ghana: très plat, de grands arbres (des baobabs) et pas mal de feux de brousse.. Nous avons demandé par la suite pourquoi tous ces feux, apparemment certains s’en servent pour chasser, quand pour d’autres c’est juste un amusement.

Nous sommes accueillis par Fatawu à Gushegu (17000 habitants, chef lieu de la région du nord), qui nous emmène à moto dans une guesthouse. Fatawu gère pour Starshea toute la région du nord, et même quelques communautés autour de Tamale. Nous mangeons du fried rice et du jollof. Dès le lendemain matin, départ pour Kpugi, le village qui nous accueillera pendant 2 jours. Il doit y avoir entre 200 et 300 habitants, majoritairement des hordes d’enfants qui nous assaillent de “How are you Silimenga?” (ce qui veut dire “homme blanc”). Ici, presque personne ne parle anglais.

Nous sommes hébergés par Lukman, qui gère juste la communeauté de Kpugi. Il habite chez son père, qui a 3 femmes (il a eu 24 enfants de 5 femmes, mais 2 sont mortes). Nous venons d’ailleurs d’avoir ce soir une discussion avec Lukman sur la polygamie... Retour à l’épisode Tanzanie si vous voulez savoir ce que nous nous sommes dit... En tout cas, il préfère pour lui même avoir une petite famille, 1 seule femme et 3 ou 4 enfants.

En effet, les femmes que nous interviewons ont toutes 17 enfants à la maison et vivent à 3 ou 4 femmes pour un seul homme.

Nous avons une assez grande chambre ! La maison ressemble en fait à un chateau fort construit en terre battue: des tourelles (des cases rondes), reliées par un mur d’enceinte et de plus grandes pièces, et au milieu, un espace central où se trouve le feu.

Dès notre arrivée, Lukman et Fatawi réunissent les présidentes des groupes de femmes pour leur expliquer la raison de notre venue et la façon dont nous allons procéder (des interviews au hasard à des femmes qui font du beurre de karité, et qui le vendent à Starshea, à un groupe témoin, c’est à dire auprès de femmes qui ne font pas partie de Starshea pour pouvoir ainsi comparer les situations et enfin à des personnes de la communauté).

C’est assez drôle, pour se dire bonjour, les gens disent “Antile” l’après midi, auquel il faut répondre “G’naaaa” et cela continue par d’autres mots de bienvenue, auxquels il faut répondre encore “G’naaaa”, puis vient la question “Avez vous bien dormi?”, et là c’est un piège il faut répondre “Gombieni” (?? Je vais encore me faire avoir demain). Les femmes sont d’accord pour se faire interviewer et cela se passe bien. Souvent, nous sommes entourés d’une nuée d’enfants et parfois ils s’aventurent à frotter nos bras, intrigués par nos poils et leur couleur (surtout dans mon cas). Lukman et un autre coordinateur (Faruk) font les interprètes, et parfois n’en font qu’à leur tête! Quand des incohérences apparaissent, nous essayons de demander des précisions..

Le soleil se couche vers 18h, nous rentrons chez Lukman. Nous demandons au fils de son frère comment aller au toilette. Il nous conduit dehors, et nous le suivons dans le village... Jusqu’à sortir du village, arriver au milieu d’un champ et il nous dit “You can enter here” (Vous pouvez rentrer ici)... Ce à quoi je réponds “Enter what??” (Entrer dans quoi). Nous pouvons donc rentrer dans le champ. Mais après avoir diné avec Lukman, nous apprenons qu’il y a des toilettes derrière la maison... Affaire à suivre. Pour l’instant aucune maladie à déplorer.

Conseil pour le voyageur au Ghana:

Si vous souhaitez prendre le bus, vous devez peut être préalablement acheter votre billet. Les places pouvant être limitées, rendez vous au bus stop avant sa fermeture 1j avant !

2eme et dernier jour à Kpugi, nous allons dans une autre communauté demain.

Finalement nous avons continué sur notre lancée d’efficacité et avons interviewé encore une bonne vingtaine de personnes aujourd’hui ! C’est un peu harassant mais en même temps à la fin de la journée une impression de travail bien fait.

Le matin, Lukman nous apporte du porridge... Le goût est beaucoup trop fort !! Nous n’en mangeons pas et grignotons quelques gateaux que nous avons pris au cas où. Nous partons avec lui interviewer des femmes d’une communauté voisine. Aujourd’hui l’objectif est d’interviewer 7 femmes témoin (c’est à dire des femmes qui produisent du beurre, qui sont dans la communauté mais qui ne font pas partie de starshea pour pouvoir ainsi comparer les situations). Il est assez difficile de voir que nos questionnaires ne saississent pas forcément la totalité d’une situation, et aussi il semble que la situation des femmes se ressemble pas mal.. Mais après tout nous sommes au sein d’une communauté particulière... C’est la comparaison entre communautés qui nous permettra de mieux comprendre les situations.

A midi, nous avons droit à deux plats: j’ai interviewé l’imam de la communauté (Chief Imam, apparemment il est aussi le chef) et sa femme... Ils nous offrent du “Tizet” (une sorte de Polenta un peu plus fade) ! Et la femme de Lukman a cuisiné du riz délicieux !! Donc nous mangeons la moitié du riz (portion énorme) et laissons la majorité du “Tizet”. Dans le riz, on retrouve une partie des cadeaux que nous avons fait à la famille... Des sardines, de la sauce tomate et de l’huile (nous avons aussi offert sucre et savon). L’après-midi encore des interviews, jusque 17h où nous nous effondrons sur nos paillasses..

Ah oui car nous dormons sur des paillasses, ce qui nous fait regretter de ne pas être un peu plus gros, ça fait mal aux os le sol ! Enfin Lukman est vraiment sympathique, il me dit bonjour et au revoir en me serrant la main et à la fin il claque un doigt ! Bon effectivement au bout de 5 interviews il en a marre, mais la relève arrive, en la personne de Mohammed (étudiant de 20 ans qui souhaite travailler chez Starshea) et de Faruk. Ce soir nous allons manger du Yam apparemment..

Toujours aucune maladie à l’horizon même si mon ventre semble un peu fragile

3eme jour: Yawungu !

Réveil à 6h45 car à 7h nous recevons en cadeau une énorme casserole de porridge. Seul problème, ici le porridge est très épicé... Cela ressemble à du gingembre en plus fort. Nous laissons la quasi totalité du porridge. Nous attendons l’arrivée de Faruk, qui va nous conduire à Yawungu. La ville est à 20min de Kpugi à peu près en moto.. Et nous ne sommes au final qu’à 9km de piste de Gushegu.

Nous arrivons à 10h30 et le chef du village n’est pas chez lui, il est allé à sa ferme. Nous commençons donc directement les interviews sous un arbre du village, les femmes viennent les unes après les autres et nous arrivons à un interviewer un très grand nombre ! Mais au bout d’un moment nous tombons de fatigue, nous avons juste mangé quelques tortillons de cacahuète ce matin... Nous demandons une pause et s’il est possible de manger. Des villageois nous emmène un rice&peas parsemé de morceaux de yam. C’est vraiment bon ! On reprend donc les entretiens... Des moments drôles:

  • Cécile demande à une des femmes ce qui a changé depuis la formation sur l’élaboration du beurre. Elle lui répond “C’est beaucoup mieux maintenant. Le beurre est aussi blanc que tes crottes” (As white as your shit)

  • D’ailleurs, à un moment Lukman et Faruk veulent prendre congé de nous... Ils me disent qu’ils veulent se rendre à la Maison Blanche. Je rigole alors et leur dit que j’aimerai bien voir Barack Obama... Il me précisent qu’ils vont aux toilettes (the White House = les toilettes)

Bon nous parlons beaucoup de caca, mais c’est vrai que de faire ses besoins en plein air fait changer de perspective.

Après, un petit choc civilisationnel entre nous et nos hôtes: Ibrahim le Community Volunteer me demande si “Cécile me suffit?” en effet, il a lui même 2 femmes, et comme je suis riche je pourrai sûrement avoir d’autres femmes... Cela ne s’arrête pas là, je me rends dans une maison pour acheter de l’eau en sac (oui car pas de bouteilles d’eau ici, des “Pure Water” ce sont des petits sachets d’eau de 33 cl qui ont un goût de chlore). Je reviens et avec Mohamed Musa (nous allons dormir dans sa maison) nous partons vers sa maison. Apparemment il vient d’ignorer les questions que Cécile lui posait... Mais il s’anime et réponds aux miennes en me demandant si “elle avait déjà donné naissance à des enfants”. Pas facile.

Nous allons dormir dans la chambre de son frère (23 ans?), qui étudie à distance pour devenir instituteur ! Il est en 2ème année, le cursus prend trois ans.. Cela me fait penser à mon petit frère Martin (mon moyen frère après une remarque de Cécile). Sa chambre est assez luxueuse, un drôle de mélange entre murs en terre battue, plafond en sac de jute , télé avec lecteur dvd et lit sans réel matelas. Enfin encore une fois, nous sommes accueillis comme des princes.

Petit point 1direction. Sur le chemin pour acheter de l’eau des groupes d’enfants crient au loin “Seleminga!! Seleminga!!” en agitant leur main. Quand je répond de ma main, ils hurlent en coeur. On s’habitue assez facilement à la célébrité.

4ème jour dans la brousse: Yawungu

Nous avons vraiment mal dormi... Cécile avait un lit et moi j’étais sur un matelas en mousse par terre. La chambre était beaucoup plus luxueuse que celle d’avant, mais cette fois, nous ne pouvons pas dormir car nous entendons un concert de bruits de souris dès que nous éteignons la lumière. Des couinements et surtout des petits pas... Solution: mettre des boules quiès jusqu’au moment où Cécile sent quelque chose sur son bras. On décide de dormir tous les deux sur le lit, un peu effrayés.

Le lendemain, la journée est difficile mais nous réussissons à interviewer le nombre de personnes nécessaires, entre le chef du village, le propriètaire du petit shop du village, le meunier, les maris, et les femmes témoin.

Avant notre départ, la totalité des femmes que nous avons interviewées (et même d’autres) viennent nous voir pour nous remercier. Notre hôte Mohamed nous dit qu’il faut revenir chez lui pour voir toutes les femmes, il y a en effet 30 femmes réunies qui nous sourient... Nous faisons des photos de groupe avec elles, et les remercions chaudement. Il faut faire attention, nous avons l’impression qu’elles croient que nous allons leur rapporter ce qu’elles nous ont demandé dans les entretiens. En effet une des questions est “Que pourrait faire Starshea pour améliorer ses services” et certaines demandent “Une salle pour faire le beurre/ Une moto pour nous amener de l’eau/ etc...”. Faruk a passé moins de temps dans ce village à expliquer ce à quoi servaient les interviews... Nous ferons attention la semaine prochaine.

Nous partons l’après midi pour Gushegu, nous passons la soirée dans une guesthouse à nous reposer et à taper les entretiens que nous avions pris à la main (je n’avais plus de batterie ce 4eme jour).

5eme jour: Vendredi le retour à Tamale,

Nous prenons à 7h un bus rempli à ras bord de personnes pour Tamale, nous repassons par Starshea car j’ai perdu les clefs de la maison des volontaires... La suite de nos aventures dans un prochain post de blog.

Félix

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