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Mœurs en Tanzanie

Cet article ne regroupe que certaines observations et certains propos ponctuels, et ne prétend pas représenter la Tanzanie dans son ensemble.

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En arrivant en Tanzanie, nous avons été soulagées de constater que beaucoup de femmes n’étaient pas du tout voilées. Certaines femmes sont voilées, parfois entièrement, souvent par groupes, d’autres sont habillées de tenues très colorées, souvent en jupe arrivant au genou. Je me serais sentie très mal à l’aise si nous avions dû essuyer des regards ou remarques désapprobateurs sur nos vêtements. Ce n’est pas du tout le cas, nous nous sentons très libres et acceptées et sommes souvent étonnées du sentiment de sécurité et de normalité que nous pouvons avoir. Le multiculturalisme est ancré dans les gênes de la Tanzanie. Les communautés africaine, indienne (très importante), arabe, musulmane ou chrétienne, les différentes tribus, sont habituées depuis des siècles à cohabiter en harmonie et la campagne sur le thème « un seul pays » menée par Nyerere à l’indépendance en 1965 a renforcé cette tolérance qui règne en Tanzanie. Il n’y a pas de conflits religieux ou ethniques.

Mariage et religion

Les mœurs concernant la sexualité semblent assez libres : nous échangeons des points de vue avec notre guide Johnny, à Moshi, lors d’une discussion à la terrasse d’un café, dans un petit village de montagnes. Il faut savoir que la région de Moshi est historiquement à forte majorité chrétienne, notre guide est lui-même chrétien. Il nous raconte que son père avait 2 femmes. Les chrétiens ont ici d’après lui le droit de choisir 2-3 femmes, mais, insiste-t-il, les musulmans eux vont jusqu’à 5 ! Trop selon lui. Nous nous étonnons de cette différence avec les Eglises chrétiennes telles que nous les connaissons. En fait, d’après ce que nous finissons par comprendre, un seul mariage est effectué à l’église, les autres sont soit non-officiels, soit civils, nous ne comprenons pas très bien.

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Lui a une copine avec qui il a une fille de 11 ans, et c’est parfaitement bien accepté. Bonni, qui travaille comme responsable de la région Tanga à EGG (l’entreprise pour laquelle nous effectuons notre mission) nous dit aussi que les couples non mariés, avec des enfants, sont très communs, et nous demande si c’est bien accepté en France. En tout cas, je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi bien accepté en Tanzanie.

Notre guide Johnny n’a donc pas de problème avec la polygamie, et pourtant c’est un chrétien très croyant. Il est intéressant de voir comment ils ont adapté le christianisme à leur culture. Ou même l’Islam : nous avons vu sur des plages de Dar-es-Salaam des femmes voilées de la tête aux pieds, mais dans des tissus africains aux couleurs chatoyantes. La Tanzanie compte 40% de musulmans, majoritaires sur la côte et à Zanzibar, et 35% de chrétiens, majoritaires dans le Nord du pays surtout, et dans l’intérieur des terres également. Lorsqu’il nous explique que les chrétiens ont le droit d’épouser 3 femmes, nous lui demandons en souriant combien d’hommes les femmes ont le droit d’épouser. Il semble alors très gêné et finit par nous répondre que non, ce n’est pas possible, que les hommes pourraient en être jaloux, et que ce n’est jamais une bonne chose. Nous tentons de lui suggérer que les femmes pourraient également être jalouses. « Yes, yes » nous répond-il, et la conversation s’arrête là.

Lorsque plus tard dans la conversation il m’interroge sur mes croyances, je lui réponds que je ne crois en aucune religion en particulier, car elles sont souvent à la source de haine entre les hommes. Il me dit alors d’un air très inquiet : « Yes yes, I see what you mean, but you believe in God, right ? ». Sentant qu’une réponse négative le traumatiserait, je lui réponds que oui. Il semble tout de suite soulagé, et embraie sur les masaïs, selon lui complètement fous, qui ne croient pas en Dieu, mais en la montagne et qui adorent la nature.

Education des filles

Johnny croit en l’éducation des femmes, il souhaite pour sa fille des études brillantes, il veut qu’elle apprenne l’allemand et bien sûr l’anglais. L’éducation des filles reste un défi majeur. De notre expérience, les femmes parlent moins anglais que les hommes, mais elles essaient, et ça a l’air de les faire beaucoup rire de nous parler, comme par exemple notre vendeuse de carte sim qui éclatait de rire chaque fois que l’une de nous ouvrait la bouche, ou une serveuse dans un bar, qui manifestait beaucoup de complicité avec nous. Elles sont très chaleureuses, certaines nous parlent dans le dalla-dalla ou dans la rue, et c’est étrange comme nous échangeons nos numéros ou adresses mails au bout de 5 minutes.

Nous avons une autre discussion très intéressante avec un technicien de EGG. Il veut nous donner son opinion sur pourquoi la Tanzanie est toujours si pauvre, et veut connaitre la nôtre. La conversation tourne beaucoup autour de l’éducation, et on en vient à l’éducation des filles. Nous pensons qu’il ne peut pas y avoir de développement durable en laissant la moitié de la population sur le carreau, mais il justifie cela en expliquant que si une fille tombe enceinte durant sa scolarité, il est logique qu’elle arrête ses études, et nous demande ce que nous avons à répondre à cela, et comment nous gérons ce genre de situations en France. Nous lui disons que cela arrive peu au lycée, d’autant plus que l’âge moyen de première relation sexuelle en France est de 17 ans pour les femmes, et 16 ans pour les hommes. Il trouve cela absurde sachant que la puberté pour les filles commence à 11-12 ans. Nous avançons ensuite que les moyens de contraception empêchent de toutes les façons souvent cette situation. Il connait les préservatifs, mais ils ne doivent pas être couramment utilisés car il considère la grossesse des adolescentes comme une évidence et une fatalité. Il ignore en revanche totalement l’existence de la pilule contraceptive, et quand enfin nous disons qu’en dernier recours les femmes peuvent avorter, il s’offusque de ce que c’est contre-nature, et un meurtre selon lui.

Une amie, rencontrée à notre hôtel qui est un repère d’étrangers venus faire du bénévolat ou de la recherche en Tanzanie, est américaine, et fait des recherches sur le thème de l’éducation en Tanzanie. Elle nous confirme que c’est très difficile pour les jeunes filles qui doivent souvent faire face à des pressions sexuelles, et que l’on force à échanger du sexe pour pouvoir aller à l’école : leur professeur, leur vendeur de livres scolaires….

Ce ne sont donc pas les jeunes filles qui reçoivent une éducation, ce sont pourtant elles qui travaillent : dans toutes les villes, les villages, nous voyons des hommes oisifs, en train de discuter en groupe, et des femmes affairées, ou absentes car en train de travailler aux champs. Dans un petit village de montagne, près de Moshi, nous nous rendons à un marché, emmenées par notre guide Johnny. Là, nous nous étonnons de ne voir que des femmes au travail. Notre guide nous répond : «yes, it is because men are lazy, they are at home, drinking. Their responsibility is only to pay for the school fees for the children ».

Homosexualité

Notre hôtel est tenu par une ONG italienne, CEFA, qui utilise les bénéfices de l’hôtel pour mener à bien ses projets sociaux. Dans le cadre du projet « Art against poverty », elle a un programme pour de jeunes artistes tanzaniens, qui suivent des cours de théâtre et de musique pour s’améliorer, et notamment un cours de « clown therapy » pour soutenir des enfants malades. Parmi les nombreux jeunes artistes qui sont donc toujours présents dans la cour de l’hôtel, nous en rencontrons un, Malik, qui nous rejoint un soir, avec un de ses amis, Tom, pour prendre un verre. La discussion en vient au sujet de l’homosexualité. Ils ont beau dire que, après tout, chacun fait ce qu’il veut chez lui, ils expliquent qu’ils prendraient très mal qu’un de leurs frères soit homosexuel, et que quand même « it’s not natural ».

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Alexandra

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