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Aaraka Aaraka et Pole Pole

A Dar-es-Salaam, la vie s’écoule à deux rythmes.

Il y a d’une part le trafic intense et incessant des voitures, motos, dala-dala (mini-bus local) et bajaji. Les bajaji sont des taxis ouverts à 3 roues, comme un tricycle. Ils se faufilent entre les voitures et n’hésitent pas à doubler sur les bas-côtés composés de sable. Le dala-dala, lui, constitue à lui seul toute une aventure. A son arrivée au départ de la ligne, lorsqu’il est encore vide, on assiste à une scène surréaliste : tout le monde se rue sur le bus alors qu’il avance encore, et bondit dans le dala-dala par l’ouverture de l’entrée (il n’y a pas de réelle porte) pour décrocher le Graal : une place assise. En effet, dans le bus, nous avons fait un trajet d’1h30 debout, compressées et contorsionnées dans tous les sens pour rejoindre l’autre bout de la ville, à 6 km. Rien d’inhabituel. Un homme dans le dala-dala nous explique faire 6h de transport par jour pour aller et rentrer du travail.. « It’s… challenging, confie-t-il à Anne-Charlotte ». Un autre nous demande : « c’est aussi inconfortable en Europe ? ». Well…. Non, pas au point d’abandonner en chemin et d’en ressortir avec des crampes.

Cela-dit, le dala-dala permet tout de même des rencontres intéressantes. Là, comme partout dans Dar-es-Salaam, la facilité du contact humain, l’aisance des tanzaniens nous étonne. Tout le monde est très avenant, tout le monde parle avec tout le monde, il ne semble pas y avoir la réserve innée habituelle en Europe. Dès que l’on croise des gens dans les petites rues reliant notre hôtel aux restaurants en plein air de notre quartier, ils nous saluent d’un « mambo », ce qui veut plus ou moins dire « ça va ? », mais sans réellement attendre de réponse. Le premier jour, nous rencontrons deux artistes dans la rue qui nous montrent leurs tableaux. Deux heures plus tard, nous les retrouvons quelques rues plus loin, posés avec leurs amis à un coin de rue. Ce qu’ils font ? « Poa ». Ils nous apprennent à répondre cela lorsque l’on nous pose la question « mambo ».

« -Mambo

-Poa »

Veut dire :

« -ça va

- cooooool »

Ils nous répètent également ce qui semble être la devise nationale « hakuna matata », qui veut réellement dire « pas de souci » en swahili.

Nous avons donc d’une part le trafic, les klaxons, les embouteillages monstres et l’air affairé de la capitale grouillante, et d’autre part de nombreux groupes se détendant, profitant de la vie. Nous avons rencontré plusieurs jeunes qui, même formés (business, art, ingénieur son et lumière), ne trouvent pas d’emploi correspondant à leurs compétences, comme cet homme rencontré dans le dala-dala, diplômé d’une université de Dar-es-Salaam en finance, cherchant sans succès un emploi dans la banque ou l’audit (pas si loin de nous donc !).

A l’image de ces artistes rencontrés dans la rue (ils ont fait une vraie école d’art), de nombreux groupes d’hommes sont assemblés sur les trottoirs, assis en cercle sur des chaises. Ils discutent. Les femmes marchent, elles sont très belles, certaines voilées, d’autres avec des vêtements, des coiffures et des manucures très colorés. Etonnante, la façon dont elles portent d’énormes fardeaux de vêtements, bouteilles, ou livres en équilibre sur leur tête! De nombreux enfants rentrent de l’école en uniforme d’écolier.

Les hommes sont donc installés dans l’espace urbain, en prennent possession, les femmes y passent. On peut nuancer : elles ont tout de même l’air très à l’aise dans cet espace, même si elles ne semblent que de passage. Les hommes, détendus, propriétaires de l’espace public en Tanzanie, les femmes, affairées, de simples passagères ? A creuser.

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